J'ai longuement hésité avant de mettre cette note assez sévère, d'autant qu'en comparaison de la catastrophe annoncée, je suis presque sorti de la salle « soulagé ». Cela se regarde sans réel ennui, est rythmé correctement, la durée relativement courte permettant au moins d'aller à l'essentiel. Beaucoup trop, sans doute. « La Tour sombre », c'est juste l'une des œuvres phares de Stephen King, une saga monumentale comptant des milliers de pages, un univers foisonnant... Bref, une sortie qui aurait dû être un véritable événement, peut-être même LE titre de l'année.
Seulement, entre une presse à laquelle on a caché le film, une bande-annonce peu convaincante et un budget manifestement pas à la hauteur, il n'y avait pas beaucoup d'illusions à se faire. C'est plat, banal, sans saveur... On sent un potentiel demandant à s'exprimer, ce qui n'est jamais le cas. Tout va trop vite, rien n'est développé : comment pouvait-il en être autrement avec un matériau d'origine aussi important et une durée aussi dérisoire ? Les effets spéciaux et l'univers visuel, sans être immondes, manquent trop d'ampleur pour nous faire rêver ou nous projeter dans un monde réellement personnel.
J'ai l'impression que ce film, presque n'importe quel professionnel lambda aurait pu le faire : il est vide, se contentant de reprendre platement ce qui a été fait précédemment dans le genre, et en bien mieux. Même le casting passe à côté : Idris Elba est un choix étrange et Matthew McConaughey se croit à un défilé de mode, provoquant l'indifférence totale pour ce qui aurait dû être un personnage mémorable, leurs motivations restant jusqu'au bout très confuses et
leur affrontement final plus grotesque qu'intense.
Non, vraiment, j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, si cette « La Tour sombre » m'a fait passer le temps 90 minutes durant avec un minimum de savoir-faire, difficile de la voir autrement que comme une série B n'apportant rien au registre de l'Héroic fantasy : espoirs (fortement) déchus.