Je craignais des dialogues assez pécores, avec vieilles expressions françaises qui restent dans la tête… mais en fait, non ça va de ce côté là. Bon il y en a mais c’est pas excessif, par exemple dans les monologues en Fernandel en voix-off parfois c’est quand même lourd.
Mais le reste, ça passe. Je pense que ce serait expérimental : qu’on verrait Fernandel traverser un pays avec une vache et c’est tout. Oui mais c’est pas ça.
Charles (Fernandel) va se retrouver avec pas mal d’obstacles sur sa route.
Le film démarre très fort avec des dialogues ciselés (donc marrants) et une certaine gravité, parce que si le film est marrant et on rit des malheurs de Charles décidément poissard mais sacrément débrouillard, le contexte de la guerre, l’Occupation allemande n’est pas occultée et les dangers de finir dans des camps est clairement décrit. Fernandel dont j’ai aperçu depuis toujours sa tronche dans différents films me donnait l’image d’un acteur comique.
Il est pourtant sacré bon acteur dramatique et il le prouve très bien dans ce film où il nuance son jeu, parfois en une seule réplique. Son personnage, surtout en voix-off, se fait sarcastique mais tout en gardant une sorte d’espoir. Et pourtant il en bave, tant il cumule les tôles sur son parcours, rien que le début : il croise au bout de vingt kilomètres un voisin fermier qui le pense épuisé… et le reconduit au point de départ ! Après il s’arrête non loin d’un camp de travail… et il est embrigadé dedans, malgré lui. Et c’est quasi comme ça pendant près de deux heures de long-métrage qui passent plutôt vite franchement.
Les différentes rencontres qu’il fera donneront lieu pratiquement toujours à une sortie d’ironie qui sera totalement incarné dans le final dont je ne vais rien dire parce que je suis pas salaud. Mais il y a des scènes vraiment irrésistibles comme
lorsque Charles est aidé par deux officiers allemands à pousser la vache sur un pont.
Des situations qui sembles improbables et la façon dont sont décrits les officiers allemands, est selon moqueuse, humaine et impitoyable. Car vraiment le film rappelle à la réalité, à l’Histoire terrible de l’Occupation allemande. C’est une œuvre grave, mêlant burlesque et noirceur, comme l’as fait « La traversée de Paris » trois ans avant.
Surtout pour cette histoire entre un homme et une vache, je n’ai pas pu m’empêcher d’éprouver de la tendresse, comment résister à cette histoire d’amitié finalement ? Ces regards presque amoureux de Charles envers sa vache.