Ce fut un grand succès populaire qui dura quand même assez longtemps. Je ne l'avais évidemment pas vu à sa sortie (j'avais 4 ans) mais l'avais vu à la télé dans les années 70 et je me souviens que des cinémas le projetaient encore régulièrement dans les années 75 en faisant carton plein en terme d'entrées. Au delà du succès, c'est le film idéal à voir en famille car il porte en lui divers ingrédients susceptibles de toucher un large public et tous les profils de la famille.
Il me semble l'avoir vu en noir et blanc au début mais le DVD que je possède propose une version colorisée qui n'est pas si mal et qui contribue à l'égayer.
Les raisons du succès c'est d'abord la prestation de Fernandel qui est taillé pour le rôle mais aussi les différentes séquences qui sont soit comiques soit chargées d'émotion soit encore avec un (léger) suspense.
Le scénario est basé sur l'histoire vraie d'un prisonnier de guerre employé dans une ferme qui a l'idée originale de vouloir s'évader en compagnie d'une vache donnant ainsi plus facilement le change face aux autorités qui n'imagineront pas qu'un prisonnier puisse s'évader de façon aussi visible.
Fernandel apporte à son personnage sa bonne humeur (légendaire) et, disons le , le soleil qu'il porte sur lui. Son jeu reste sobre, ce qui le rend crédible. Son jeu alterne ou mêle avec une certaine efficacité de la gaité mais aussi de l'émotion. Une des séquences les plus réussies, c'est quand Fernandel est invité par la famille d'agriculteurs allemands à attendre chez eux que la vache ait fini son affaire avec le taureau. Au départ c'est amusant, puis l'émotion submerge la scène pour finir avec un accent de bonheur fugace retrouvé chez cette famille endeuillée.
Côté réalisation, Verneuil dose et alterne avec adresse les différentes scènes en nous faisant voyager dans des paysages bucoliques plutôt charmants.
Un point à l'actif de Verneuil c'est qu'il ne tombe pas dans la farce franchouillarde. L'épisode du stalag avec les prisonniers genre tire au flanc ou qui se démerdent pour truander les comptages laissait imaginer le pire dans ce domaine. Mais non, dans le reste du film, les allemands (qui sont chez eux) ne sont pas ridiculisés. J'en veux pour preuve les deux mariolles français qui se sont évadés avec des tenues d'officier allemands sont juste capables de foutre une frousse bleue à Fernandel mais tomberont au premier contrôle.
Non, les deux points perfectibles d'un point de vue cinématographique (et pas du point de vue historique ou conforme au récit), c'est la chute un peu abrupte à la fin qui aurait méritée d'être un peu développée et aussi, le devenir de Marguerite (je parle du personnage et non de la vache) laissé au bord d'une voie ferrée. Là aussi, le personnage de Fernandel aurait pu se débrouiller pour la laisser dans une ferme. Car là, au milieu de nulle part, c'est sûr qu'elle termine en bifteck rapidement.
Au final, c'est un film qui est tout-à-fait intéressant, superbement réalisé car au bout de je ne sais combien de visionnages, je me surprends encore à trembler pour le personnage joué par Fernandel ou encore à compatir pour cette famille allemande.