Aussi célèbre soit-il, le film d'Henri Verneuil n'est sans doute pas le beau film qu'il aurait pu être. Cela tient autant aux insuffisances de cinéaste de Verneuil, au manque de créativité et de personnalité de sa mise en scène, qu'à la faiblesse du scénario.
L'histoire de Charles Bailly, ce prisonnier de guerre français évadé d'une ferme et arpentant la campagne allemande en compagnie d'une vache qui lui est comme un laisser-passer, introduit des péripéties artificielles et convenues, diminuées de surcroît par la pauvreté de la réalisation. De fait, le suspens lié au succès ou non de l'évasion de Charles en devient presque sans importance.
Pourtant, la balade champêtre qu'entame Fernandel na manque pas d'être insolite. Sur un ton mélé de fantaisie et d'amertume, que détermine la composition de Fernandel, entre légèreté et émotion, le voyage incertain du fugitif offre des situations singulières. Mais en se détournant d'un réalisme et d'une gravité plus conformes à la nature du sujet, en privilégiant la badinerie, les auteurs affaiblissent le caractère périlleux et épique de l'aventure qui, somme toute, en constitue l'intérêt majeur. Tout reste superficiel, des personnages à l'action.