La Vache et le Prisonnier, avant tout , c'est l'accent du Sud de Fernandel, ses mimiques expressives, sa gestuelle connue de tous. C'est son affection pour la vache Marguerite, qui l'emmena a grand peine à la gare de Stuttgart afin qu'il puisse regagner la France avant la fin de la guerre.

Le film narre en effet le voyage de Charles Bailly, qui avec sa vache traversa toute l'Allemagne à pieds. Au cours de son périple, il a rencontré des russes affamés – quelle scène que la tentative de compréhension entre les pauvres russes et Charles!- , une famille allemande qui connaissait Marseille, des allemands à vélo (auxquels il n'a pu résister à l'envie de jouer un mauvais tour), des français déguisés en Généraux allemands, une troupe de soldats bosches qui se languissaient de Paris... Toute une troupe de personnages hauts en couleurs, qui offrent une vision nuancée du temps de guerre. La vie n'est pas toute simple, ni un fardeau complet. Il suffit de la vivre sans regrets, avec optimisme ; c'est la leçon de Charles Bailly.

La Vache et le Prisonnier, c'est très naïf, poétique. Charles- Fernandel survit sur 40 jours avec des biscuits et du lait de vache ; on entend tout le long du film le chant des cigales et des petits oiseaux de la forêt. Le héros ne quitte pas son optimisme de rigueur et malgré qu'il se retrouve dans le pétrin, on ne peut douter qu'il s'en sorte, toujours. C'est une ambiance de félicité qui contraste avec la situation dangereuse du protagoniste. Bien que joyeux, il peut être renvoyé à tout moment à son lieu de détention. Il suffirait d'un instant inattention, comme lorsqu'arrivant sur les lieux d'une scierie, il est confondu avec un travailleur forcé, ou lorsqu'à la fin d'une longue journée de marche, un gentil voisin se propose de le raccompagner à l'exact endroit d'où il venait...

Finalement, ce petit bijou est un très bon moment, drôle, naïf et presque inlassable. Une leçon de vie, une leçon d'optimisme. La fin est d'ailleurs en elle-même géniale de cynisme, et je ne doute pas que je garderai un souvenir enchanté du film ! Pour la béatitude qui m'a gagnée après le revisionnage du film, sincèrement, je remercie Henri Verneuil de tout coeur.
Pukhet
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Acteurs, l'objet de mon idôlatrie !

Créée

le 29 janv. 2012

Critique lue 2.4K fois

10 j'aime

1 commentaire

Pukhet

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

10
1

D'autres avis sur La Vache et le Prisonnier

La Vache et le Prisonnier
Ugly
8

Vachement bien !

Voici encore un des meilleurs exemples du cinéma populaire français (dans le sens noble du terme), qui comme le Cave se rebiffe, Un singe en hiver ou la Traversée de Paris... sont des inusables. En...

Par

le 30 sept. 2017

18 j'aime

14

La Vache et le Prisonnier
cinewater
8

Critique de La Vache et le Prisonnier par Ciné Water

Ce que j'adore chez Henri Verneuil c'est que ses films ne peuvent prendre que du charme avec l'âge. Ce que j'aime aussi c'est que j'ai pu le voir étant enfant et si je n'irai pas jusqu'à dire qu'il...

le 11 déc. 2011

17 j'aime

11

La Vache et le Prisonnier
pierrick_D_
5

Critique de La Vache et le Prisonnier par pierrick_D_

Lors de la Deuxième Guerre Mondiale,le marseillais Charles Bailly est prisonnier en Allemagne et travaille avec trois autres français dans une ferme tenue par une accorte teutonne.Il lui vient l'idée...

le 13 avr. 2022

13 j'aime

5

Du même critique

Le Lauréat
Pukhet
10

It's like I was playing some kind of game, but the rules don't make any sense to me.

Au tout début, il y a cette scène d'introduction parfaite. Plan fixe, Ben dans l'avion, parmi les autres voyageurs, perdu. Second plan, Ben, sur un escalator, toujours le regard fixe, vague et porté...

le 26 mai 2012

74 j'aime

4

Le Château ambulant
Pukhet
10

Bien sûr que je reste objective quand je parle de Miyazaki !

Hayao Miyazaki a fait du très bon. Porco Rosso, Mon Voisin Totoro, Le Voyage de Chihiro... Mais Le Château Ambulant, à mes yeux, reste le Miyazaki qui me parle le plus. Parce que l'histoire...

le 3 mai 2012

69 j'aime

7

Rosemary's Baby
Pukhet
7

All of Them Witches ?

Messieurs-dames, ceci est une critique à spoilers. Merci de votre attention. Premier plan ; d'un hélicoptère, nous survolons New-York, ville cosmopolite et éclectique, ici ville funeste. La ville...

le 23 avr. 2012

66 j'aime

14