Une leçon de relecture et de cinéma
Je l'attendais de pied ferme , comme sur l'affiche, ce nouveau Polanski après un Carnage sympathique mais quelque peu convenu , nous retrouvons dans La Vénus à la Fourrure l'esprit même des meilleurs films de Polanski donc 10 étoiles pour ce film auquel on ne changerait rien.
Polanski a dit avoir beaucoup ri pendant la lecture de La vénus à la fourrure de Sacher-Masoch comme quoi le thème du sadomasochisme ne pouvait être que drôle et burlesque. Son adaptation est une comédie qui m'a scotché le sourire et les fous rires du début à la fin. Mise en scène et en abîme implacable, nous assistions à l'adaptation en temps réel du livre par un metteur en scène de théâtre nous, spectateurs de cinéma. La spirale ne s'arrête pas là car on prend un malin plaisir à voir Emmanuelle Seigner et Matthieu Amalric faire semblant de cabotiner jusqu'à ce que la vie réelle rattrape ces personnages. Le coup de géni de Polanski, à part avoir eu encore l'idée de sublimer comme jamais sa femme en déesse, est de réussir à flouter les limites de la vie et du théâtre.
Pour la première fois de sa filmo il est peu dire que d'affirmer que le film soit féministe, paradoxe ou relecture éclairée du roman d'origine, Polanski anéanti toute misogynie et cela dans un lieu longtemps interdit aux femmes, rappelons nous que les rôles de femmes au théâtre ont longtemps été joués par des hommes, dans son film Polanski s'amuse toujours à inverser les valeurs pour nous faire éclater sa vérité et j'avoue être de son obédience depuis longtemps.
Seigner EST Vénus tout comme Amalric est troublant de ressemblance avec le réalisateur dans sa jeunesse. La Vénus à la fourrure est aussi un film qui remonte aux origines, où tout se réinvente , où le roman de Sacher-Masoch,( et là je considère que c'est un SPOILER si on ne le sait pas et c'est la cerise sur le gâteau), est lui même une réinterprétation des bacchanales grecques, et c'est ainsi que nous retrouvons un Polanski au top de sa forme acide et drôle à la fois FIN DU SPOILER.
Pour ainsi dire la mise en abîme est partout et ficelée d'une main de maître avec une unité de lieu, de temps et de personnages. La vénus à la fourrure, le film, au final n'est en fait ni une tragédie grecque , ni le roman porno de Sacher-Masoch c'est avant tout un film complètement baroque où les rôles s'échangent, où l'on porte les masques pour mieux les détruire, où l'on sait que tout est factice et artifice mais on s'engage quand même dans le combat armés du langage.
Vénus et fourrure ça fait tout doux et tout mignon dit comme ça, ça envelopperait presque. Un leurre vite éludé et ceci dès l'affiche que je trouve à la fois simple , synthétique et géniale qui nous emmène au lieu même des illusions, sur scène.