Chères féministes extrémistes de tout poil: ce film n'est pas pour vous. Il ne faut pas attendre de la part d'un réalisateur aussi doué que Polanski à ce que la Femme soit l'incarnation du Bien.
Huis-clos absolu (décor: théâtre, acteurs: Emmanuelle Seigner et Mathieu Almaric). Atmosphère qui passe de l'étouffement à la sensualité en un clin d’œil sans problèmes. Je ne vais pas argumenter sur la mise en scène ou le jeu des protagonistes: tout est basé là-dessus, c'était obligatoire d'être au top. Et c'est le cas. Ils sont top.
Le sujet du film peut effrayer, bloquer,e t c'est normal. Tout est là pour qu'on se dise, soit: Mon Dieu, c'est quoi ce films de bourges intellos Parisiens ?, soit: Un film sur le sadomasochisme avec seulement deux acteurs en une heure 40 ? Hin hin... et Roman, il prend des médocs ou bien ?. On se pose également la question de l'intérêt cinématographique: dans ces conditions-là, ne valait-il pas mieux faire directement en pièce de théâtre ? Pourtant en voyant le film, c'est l'évidence: oui c'est intello, mais incroyablement intelligent et passionnant. Oui, ça parle du sado-masochisme, mais de manière très déroutante (donc géniale). Oui, il ne pouvait être qu'un film, parce que seule une caméra pouvait receler de telles expressions de folie, des lueurs de fascination qu'un public assis n’aurait pas pu voir (surtout les derniers rangs).
Plus le film progresse, plus on avance dans l’extrémisme. Les limites, peu à peu, se troublent dans ce jeu qui ne dis jamais son nom. Le final est d'ailleurs captivant tellement la frontière entre le réel et la fiction n'existe plus du tout, tellement la pièce et l'instant se fusionnent. Les deux personnages sont eux-mêmes très intéressants: l'un est aussi vieux jeu que l'autre est moderne, l'un est aussi romantique que l'autre est vulgaire... Et pourtant, ils trouvent une communion dans l'Art, puis dans le rapport de dominant et dominé. Par contre, le coup du collier de chien... Très gros, et limite embarrassant tellement le symbole est trop "clair". C'est effectivement ce qui arrive, surtout lors de la passation, mais bon, la subtilité Roman, la subtilité...
Pour moi, "la Vénus à la fourrure" ne peut que susciter une grande réflexion. Sur le rapport entre la Femme et l'Homme, sur la prise de pouvoir qui opère souvent malgré nous, sur le bonheur dans la souffrance et sa recherche... Et puis, ce film a le mérite de m'avoir vraiment intéressé à la pièce originale (n'y voyez là aucun intérêt sexuel; d'ailleurs, si vous connaissez la pièce et que vous avez pas aimé,c'est pas la peine d'essayer). Mais je suis déjà sûr de ne pas trouver une adaptation plus exaltante qu'avec ce film.