La Vénus d'argent possède ce dont la plupart des films français récents sont dépourvus : un vrai style, sophistiqué et fascinant. L'idéal pour un récit d'apprentissage qui n'entend pas suivre la trace des autres et qui évoque souvent, par son côté racé, une sorte de dystopie. Héléna Klotz filme avec élégance la nuit dans la ville, le verre et le béton du quartier de La Défense et des communautés masculines (caserne, monde de la finance) dans lesquelles l'héroïne du film cherche une place qui ne pourra être que singulière. Maîtrisant à la perfection l'image et le son, pour en faire des personnages essentiels de son film, Héléna Klotz rejoint des longs-métrages comme Le théorème de Marguerite ou La voie royale, pour traiter des transfuges de classe, un thème où peuvent subsister quelques clichés mais dont ces trois exemples montrent qu'il est possible de les dépasser avec une écriture aiguisée ou encore, dans le cas de La Vénus d'argent, un sens visuel permettant de s'échapper d'un réalisme contraignant. Dans son premier rôle au cinéma, Claire Pommet, plus connu sous son nom de chanteuse, Pomme, est éblouissante, aussi à l'aise dans un univers de requins que nourrie par le lait de la tendresse humaine (les scènes de famille sont magnifiques). Là où beaucoup reprocheront sans doute à La Vénus d'argent son récit pas assez crédible, il faut rétorquer que le film s'intéresse moins à la reproduction de la réalité qu'à la plasticité de la fiction et à un esthétisme raffiné.