Film de François Villiers réalisé en 1959.
Comme je le disais lors de ma chronique du film "Hans le marin", François Villiers est un cinéaste un peu oublié de nos jours malgré quelques films intéressants comme "l'eau vive" tiré d'un roman de Giono et "la verte moisson".
"La verte moisson" est un film de Résistance. Enfin, oui. Pendant l'Occupation, des lycéens d'une petite ville de province décident de passer à l'action contre l'occupant allemand de leur propre initiative sans appui extérieur. Ça commence par un cours de chimie où le professeur fait une démonstration des risques d'inflammabilité du phosphore. Qu'à cela ne tienne, voilà les lycéens mettant en application les propriétés du phosphore dans un local de l'armée allemande. Le professeur est accusé et emprisonné d'autant qu'on trouve des tracts anti-allemands chez lui. Qu'à cela ne tienne, voici nos lycéens, pas trop fiers, qui veulent libérer le prof en question et se propose d'attaquer la Kommandantur. Oui, mais pour ça, il faut des armes. Qu'à cela ne tienne, attaquons un soldat isolé par exemple un motocycliste et fauchons lui sa mitraillette. Oui mais voilà la mort du soldat allemand déclenche une réaction immédiate des allemands qui conduit directement à emprisonner le groupe de lycéens qui a commis l'imprudence de laisser quelques indices.
Le scénario, tiré d'un roman, se base sur des faits réels. C'est pourquoi, j'accorde volontiers à ces jeunes qui ont payé le prix maximal pour une action "un peu beaucoup" improvisée et pour leur candeur, que ce film est bien un film de "Résistance".
La mise en scène et le démarrage du film est assez astucieuse. Le curé de la petite ville (Pierre Dux) se promène en 1959 (15 ans après les évènements) et rencontre un touriste allemand qui était soldat pendant la guerre et qui ne reconnait plus rien de la ville. "Je me rends compte que pour vous c'est une période que vous voulez oublier" dit-il ; le curé part alors dans une rêverie "oublier comme ce serait facile ; comme ce serait bon d'oublier" introduisant le flash-back et le film par un beau fondu enchainé.
Côté casting,
Pierre Dux dans le rôle du curé qui connait tous les enfants ou lycéens "même ceux qui boudent le catéchisme". Il ne prend pas part à l'action du film, il n'est qu'un témoin de l'histoire.
Parmi les lycéens, on y distingue Claude Brasseur, Jacques Perrin (18 ans) et Dany Saval (17 ans). Sans oublier Jacques Higelin dans un petit rôle …
Le film a été tourné en décors réels à Pontoise. La musique prête quelques airs de Django Reinhart bien agréables.
Au final, petit film intéressant. Une curiosité, en somme, réveillée de l'oubli par Gaumont.