La vie criminelle dont s'accuse le bourgeois Archibald de la Cruz dans un long flashback trouve son origine dans son enfance: la mort accidentelle de se troublante gouvernante et le pouvoir magique qu'il attribue à une boîte à musique.
Ce sujet psychanalytique de Bunuel ne constitue pas une grave et austère étude de cas. On découvre dans ce film l'intérêt, voire son attrait, du cinéaste pour le fétichisme, un intérêt qui ne se démentira pas dans son oeuvre future ("Belle de jour", "Le roman d'une femme de chambre"...). De ce sujet audacieux, où passent quelques fulgurances surréalistes, des railleries à l'adresse de la classe bourgeoise et diverses idées incorrectes (l'attirance d'Archibald pour une nonne), Bunuel réalise un film simple, presque candide -au point que le scénario et les personnages manquent parfois de relief- et dépourvu d'acrimonie ou de sarcasmes.
Bunuel expose des faits ou situations saugrenus, y décrit le comportement et les pulsions extravagants de son personnage sans être tenté par l'analyse, encore moins par un jugement moral. Quelle est donc la vie criminelle dont parle de la Cruz? Ce n'est pas la moindre ironie du film de constater qu'Archibald échoue dans ses tentatives
d'assassinats de femmes, lesquelles, curieusement, décèdent indirectement,
comme l'expression métaphorique d'une impuissance sexuelle d'Archibald.