La vie d'Adèle, une histoire d'amour et rien d'autre.

La Vie d’Adèle est sans doute le film le plus beau que j’ai jamais vu au cinéma. Une histoire d'amour hors-normes.

Replaçons le film dans son contexte. Suite à de violentes manifestations à propos du mariage pour tous, Abdellatif Kechiche propose un film d’amour, de chair et de sensualité à l’état pur entre deux jeunes femmes. Montrer des scènes de sexe aussi crues suite à ce projet de loi peut paraître provocateur et revendicatif. Or, en aucun cas le réalisateur ne prend position à travers ce film : il raconte une banale histoire d’amour. Tellement banale que, 100% hétéro, j’ai pu m’identifier tout au long du film à des lesbiennes. Le film est plus axé sur des questions sociales : Emma (Léa Seydoux) vient d’une famille aisée et cultivée tandis qu’Adèle (Adèle Exarchopoulos) vient de la classe populaire. C’est cette différence sociale qui va entraver l’histoire du couple.

Innocente de la manière dont Kechiche filmait, j’ai été perturbée dès la première scène par les gros plans. Nous sommes tous habitués aux plans d’ensemble, panoramiques et travelling qui nous montrent les décors. Kechiche, lui, ne filme que les visages, les pigments de la chair, les bouches dégoulinantes, les nez morveux, les torrents de larmes… Il nous montre une beauté nouvelle, nous révèle la beauté du quotidien et l’humanité sans artifice. Sa caméra dévoile avant tout la chair mais aussi la psychologie du personnage, la pensée qui coule de ces corps à l’état brut. Pas étonnant que les actrices se soient jetées corps et âmes dans le tournage. Elles racontent être dans un état second, en abandon face à cette caméra constamment présente. Kechiche savait les manipuler ingénieusement tout en leur laissant une totale liberté pour les amener où il souhaitait. D’où viennent ces larmes sincères, d’où viennent ces ébats sexuels si francs, sans orgasmes de midinettes sur-joués ? De « la méthode Kechiche ».

Vous êtes tous outrés qu’on nous impose des scènes sexuelles de 6 minutes à 3 reprises. Pas moi. Nous avons tous été mal à l’aise, certes, mais imaginez La Vie d’Adèle sans sexe ? Le film ne serait pas aussi éprouvant, donc plaisant. Avouons-le, même si le film est terriblement gênant, jamais nous n’en avons perdu une minute. Nous sommes poussés par une sorte de curiosité malsaine et une fascination dérangeante par cet érotisme, voire ce porno.

Si tu n’as pas encore vu ce film, voici l’unique raison pour changer d’avis. La Vie d’Adèle est l’ovni de notre cinéma français actuel qui raconte une histoire d'amour, de sentiments et de sexe. Juste l'amour, juste le désir.