Un drame touchant sur la cohabitation forcée d'une ancienne prostituée qui est atteinte d'Alzheimer et un jeune délinquant qui risque l'expulsion s'il n'est pas caché. On sent les pages de Romain Gary derrière ces dialogues si crus, si humains, si efficaces que les deux personnages s'envoient à la figure, on sent toute la passion de l'auteur pour les personnes qui n'ont pas de chance ni de luxe dans la vie (les prostituées ne sont pas jugées, et le petit dealer semble plus perdu que réellement méchant), et l'on sent le beau final plein d'émotions venir, et pourtant l'on y succombe comme si l'on ne le savait pas (ou plutôt : on craignait de le voir). Sophia Loren est ici dirigée par son propre fils Edoardo Ponti, est la grande dame n'a rien perdu de sa splendeur avec l'âge, et le jeune Ibrahima Gueye campe un enfant abandonné saisissant de vérité, au vocabulaire très cru qui rappelle presque une petite Zazie dans le métro... Le coup de cœur du film est sa chanson finale Io Si (Seen) interprétée par Laura Pausini, une déclamation poétique et forte qui nous touche instantanément, évidemment récompensé par un Golden Globes (sur lequel on avait parié, la larme à l’œil après la dernière note de ce Io Si). En revanche, l'on n'évite pas quelques longueurs malgré la courte durée d'une heure trente, le final est très attendu (dès la mention du traumatisme de cette vieille dame qui a connu les "planques" pour échapper aux nazis lors de la Seconde Guerre Mondiale, et quand on voit le sous-sol aménagé comme un QG, on sait d'emblée le parallèle évident qu'il y aura entre les policiers qui cherchent à retrouver l'hospitalisée échappée, et la scène "mouroir" qui aura lieu dans ce sous-sol). Sans être étonné par La Vie devant soi, on passe un beau de partage avec deux acteurs très en forme, et une chanson finale qui, elle, rafle (positivement) tout.