ATTENTION : ne regardez pas la bande-annonce du film !
Celle-ci divulgue réellement toute l'histoire, jusqu'à la scène de fin.
Il n'est pas question ici de spoiler ou de retournement de situation. En réalité, le scénario est tout simple, les enjeux modestes, mais il serait dommage de gâcher un potentiel visionnage sympathique à cause d'une vidéo qui révèle tout ce qu'il y a à voir, sans aucune finesse.
"Sometimes I Think About Dying" (dont la traduction française du titre est atroce) n'est pas un grand film : le budget est aussi modeste que ce qu'il y a à raconter, mais c'est réalisé avec une maîtrise et une délicatesse remarquables.
On suit la vie de Fran, une femme réservée qui travaille dans un bureau d'import/export dans une petite ville de l'Oregon. Son groupe de collègues apparaît comme étant soudé, avec de la complicité et un esprit d'équipe, mais on se rend vite compte de l'absurdité de ces relations à travers des échanges d'une banalité presque grotesque.
La cheffe d'équipe incarne cela en étant toujours d'une fausse jovialité. Même dans des moments de vide ou de gêne, elle est toujours là pour remettre l'équipe sur les rails du conformisme.
Au milieu de tout ça, Fran est complètement en décalage. Elle est là sans être là, pas du tout intégrée dans le groupe, voire complètement ignorée.
Elle est spectatrice de sa propre vie, se contente de faire ce qu'on lui dit, rentre chez elle, mange, dort, et repart pour une autre journée.
Ses seuls moments d'évasion sont des projections de sa propre mort qu'elle imagine de temps en temps, témoignant d'un mal-être possiblement inconscient.
Pourtant, il est difficile de lui reprocher de ne pas s'intégrer dans une atmosphère aussi superficielle, ou personne ne se connait vraiment.
Arrive ensuite Robert, un nouveau collègue. À travers sa sincérité et sa bonhomie, il va se rapprocher de Fran et l'aider à s'ouvrir.
Mais comment peut-on se sentir intéressant(e) quand tout le monde s'exprime aisément, alors que notre propre vie est si ennuyeuse et que l'on a rien a raconter?
Finalement, une seule phrase sincère, authentique et profonde aura bien plus de valeur qu'un océan de paroles…
J'ai particulièrement apprécié la performance de Daisy Ridley, qui prouve qu'elle n'est pas que l'icône d'une licence en perdition : c'est aussi une véritable actrice.
J'espère qu'elle continuera à faire les bons choix pour la suite de sa carrière (même si, soyons honnêtes, ce rôle ne lui aura certainement pas rapporté plus que le centième de celui de Rey).
En un mot : un petit film d'auteur accessible et charmant, avec une morale toute simple, mais dépeinte de façon très agréable.