La vie ratée de Walter Mitty
Parfois, on a beau avoir les meilleurs intentions du monde, le résultat de ce qu'on entreprend n'est pas toujours le reflet de nos ambitions. La vie rêvée de Walter Mitty en est le parfait exemple, et est pour moi une grosse déception au vue de la très bonne annonce qui circulait pourtant dans les cinéma.
Pour faire court, Walter Mitty est un homme ordinaire, qui travaille en temps qu'archiviste pour le magazine Life. Suite au rachat de l'entreprise, la publication matérielle doit s'achever pour laisser place à une version purement internet. En découle le renvoi de bien des employés et, surtout, l'obligation pour Walter de retrouver une photographie envoyée par un ami photographe de talent qui doit servir de couverture pour le dernier numéro. Ses recherches vont par ailleurs l'emmener bien loin de son bureau, dans des territoires inconnus...
Le film est visuellement très joli, avec des plans toujours très soignés et une réalisation très adaptée à un feelgood movie. Mais bon sang, qu'on s'y fait chier ! L'histoire -qui tient comme vous le voyez sur trois lignes de texte- est si creuse que le film tente désespérément de remplir avec des dialogues qui ne font jamais mouches et sont emplis de clichés tous plus vus et revus les uns que les autres. L'enquête censée conduire jusqu'au fameux photographe ami de Walter est hallucinante de bêtise (et va y que la première photo corresponde au pouce de tel personnage rencontré par hasard dans telle auberge paumée du Groenland etc etc...) si bien qu'on sort vite du cadre de l'extraordinaire pour se confiner à celui du ridicule (après tout, même l'extraordinaire a normalement sa logique interne). Surtout, le personnage de Mitty, censé être ordinaire et donc auquel on devrait pouvoir s'identifier facilement, est en fait extraordinairement creux et n'éveille jamais la sympathie. Déception supplémentaire : très peu de scènes sont rêvées au final ! Et c'est dommage parce que même si elles ne sont pas toujours superbement réalisées en termes d'effets spéciaux, elles auraient pu avoir une certaine pertinence si seulement l'imagination de Mitty avait été au cœur du film ! Comme ce n'est pas le cas ici, elles paraissent au final hors propos et auraient tout aussi bien fait de ne pas exister...
Enfin, disons le tout net, Walter Mitty c'est surtout une morale mille fois évoquée dans des films bien meilleurs (il faut accomplir ses rêves, le capitalisme c'est pas bien, l'amour donne du courage, les gens ordinaires sont en fait des gens extraordinaires qui s'ignorent). Et pour peu que vous soyez donc habitués à des productions plus habiles et plus nuancées ou intelligentes dans la mise en place du propos, vous allez être assez rapidement gavés. Je ne me suis jamais sentie bien, juste mal à l'aise devant tant de maladresse dans le traitement de ces bons sentiments, dont je suis pourtant assez friande d'ordinaire (question feel-good movies, je ne suis pas exigeante, réellement...)
C'est d'autant plus dommage qu'on sent qu'on a voulu nous faire un bon film et que du soin y a vraiment été apporté. Mais ça ne m'empêche pas d'être raté, et de laisser chez le spectateur un profond sentiment d'agacement à l'idée de savoir qu'il nous a fait perdre 1h54 de notre temps.