Cela aurait pu être une histoire originale et intéressante, elle n'est d'ailleurs pas loin de l'être. Seulement, Laurent Heynemann et ses scénaristes font le (mauvais) choix de se focaliser presque exclusivement sur les dialogues, sentant « bon » l'odeur des romans de Frédéric Dard, et pour cause. Alors, je ne dis pas : de temps en temps, c'est bien envoyé, ça a un certain panache. Mais tout le temps, c'est franchement vulgaire et vampirise tout le reste, si bien qu'on entend, ne voit presque plus que ça.
Un peu triste, d'autant que comme j'ai pu l'écrire, l'intrigue montre un certain potentiel : rien d'ultra-original, mais quelques bonnes idées, à l'image d'une ou deux scènes particulièrement cinglantes (l'hallucinante scène de l'escalier, ceux qui l'ont vu comprendront immédiatement à laquelle je fais allusion) ou cet improbable trio parfois explosif.
Ce qui sauve toutefois vraiment le film, c'est la présence de Jeanne Moreau et Michel Serrault, tous deux assez exceptionnels, et si je ne suis habituellement pas très sensible à ce genre de considérations, les costumes du second sont absolument somptueux. Je n'aurais clairement pas mis la moyenne sans eux : je la mets tout juste avec eux pour ce titre qui, malgré quelques atouts vraiment appréciables, reste beaucoup trop lourd et gratuitement provocateur dans son écriture pour le rendre recommandable. Dommage.