Guillaume Daubray-Lacaze est un industriel pollueur,également maire de sa ville,à la tête d'une usine qui fabrique....des appareils de dépollution!Ayant décroché un important contrat avec une société japonaise,il est contraint d'augmenter la production et,ne parvenant pas à trouver de terrains à proximité de son entreprise,il finit par introduire des machines dans sa propre maison,avec des équipes d'ouvriers qui turbinent jour et nuit.Mais lorsqu'il se met à envahir la serre et le jardin de sa femme Bernadette,écolo convaincue,la guerre est déclarée entre les deux époux.Deux ans après "L'aile ou la cuisse",le réalisateur et scénariste Claude Zidi retrouve Louis de Funès pour cette comédie totalement baroque qui se bonifie avec le temps.Le cinéaste a coécrit cette histoire délirante avec Michel Fabre et Pascal Jardin,ce dernier signant seul les dialogues,et la musique entraînante est du grand Vladimir Cosma.Le producteur Christian Fechner n'a pas mégoté et a octroyé de gros moyens à son pote Zidi,le film étalant une logistique effarante.Les décors d'usine et l'introduction dans la maison d'une incroyable quantité de machines transformant complètement la vie des résidents ont fait l'objet d'un soin et d'une maîtrise étonnants.Zidi avait la pêche en ce temps-là et il parvient à régler au millimètre près les déplacements de ses caméras et de ses comédiens,tout en truffant les scènes de gags parfois peu finauds mais souvent très drôles,certaines séquences relevant même d'un burlesque débridé totalement désopilant.Evidemment,on est fondé à se demander pourquoi Guillaume n'installe pas tout simplement une autre usine plus loin,il doit bien y avoir des terrains libres plus éloignés,mais l'ensemble de l'histoire est tellement barré que les questions de vraisemblance sont superflues et évacuées.Mine de rien,le film en dit beaucoup sur son époque et pointe de vrais sujets,comme cette opposition entre industrie et écologie qui commençait à sérieusement émerger en cette fin des seventies,et trouve sa matérialisation dans les rapports conflictuels des époux Daubray.Ce patron emploie du monde,fait vivre plein de familles de la région,tout en polluant l'atmosphère,ce qui provoque des mouvements de contestation assez vifs.Sont évoqués également les liens étroits entre affaires et politique,ainsi que l'hypocrisie générale dans laquelle baigne la société,qu'il s'agisse des entrepreneurs,des politiques,des services de l'état ou des banquiers.L'oeuvre se veut aussi ironique face au sexisme tranquille qui prévalait alors ainsi qu'à la brutalité sans filtre de forces de l'ordre à la matraque facile.Et puis évidemment il y a le show de Funès.Si on n'est pas client ça peut se révéler pénible mais si on aime c'est un régal.Complètement déchaîné,l'acteur multiplie les mimiques démentes et les gestes brusques avec un talent fou.Il propose un numéro énorme de patron irascible et autoritaire sachant se montrer faux-jeton au possible quand ça peut le servir.Son duo avec Annie Girardot,autre star de cette période,fonctionne à merveille car la comédienne tient parfaitement le choc face à la tornade Fufu et s'impose avec classe dans le registre gouailleur et décontracté qui a fait sa renommée.Ils sont entourés d'une magnifique troupe d'acteurs de complément,les Julien Guiomar,le méchant de "L'aile ou la cuisse", Maurice Risch,Jean-Jacques Moreau,la belle Geneviève Fontanel,le distingué Jacques François,Georges Staquet,le costaud Mario David,plusieurs fois partenaire de de Funès,notamment dans "Oscar",le scénariste-écrivain Daniel Boulanger qui faisait parfois l'acteur,Ibrahim Seck,un des premiers noirs à avoir percé dans le cinéma français et qui était devenu très populaire en participant à l'émission humoristique télévisée "Alors,raconte...",Tanya Lopert,Henri Attal,André Badin et Hubert Deschamps,vus dans d'autres Zidi,"Le grand bazar" pour l'un,"Association de malfaiteurs" pour le second,et en prime Marcel Azzola,vedette de l'accordéon,qui nous sort son instrument.