Un classique de la comédie française des années 70 de Claude Zidi.
Pour le situer dans la carrière de Zidi, il suit "l'aile ou la cuisse" mais est antérieur à son cycle avec Coluche.
Le sujet, tout le monde connait, c'est la confrontation entre Monsieur, industriel (Louis de Funès) et Madame, horticultrice (Annie Girardot).
Le premier ayant reçu une énorme commande et ne pouvant pas agrandir son usine se voit obligé d'occuper le potager, la serre et le domicile de Madame. Du coup, Madame s'en va et monte une liste aux élections municipales contre son mari, maire sortant.
Le scénario tient à peu près la route si on oublie de trop réfléchir à la vraisemblance.
D'une part, il est assez bien vu en ce qui concerne la place d'un industriel dans la société et me semble même presqu'en avance sur son temps en 1978 …En effet, les choses vont bien tant que l'industriel est florissant et n'a besoin de rien. Dès lors qu'il demande quelque chose aux pouvoirs publics, par exemple s'agrandir, on voit immédiatement les réticences du préfet qui ne veut pas de vagues. Par contre, dès lors que l'activité périclite (ici, le chèque des japonais en bois et la faillite obligatoire), tout le monde, à commencer par les pouvoirs publics, se met à fuir suivant le bon vieux principe de Clémenceau : "dans la victoire, il y a beaucoup de vainqueurs, dans la défaite, on est toujours tout seul".
D'autre part, 1978, c'est la période du second choc pétrolier et des difficultés économiques qui vont avec (la fin du plein emploi, notamment) et c'est aussi le début de la prise de conscience des conséquences potentielles des activités industrielles sur l'environnement (A l'élection présidentielle de 1974, il y a eu un premier candidat écolo, René Dumont).
Et je trouve que le film brode avec humour sur tous ces items de façon plutôt intelligente sans se prendre au sérieux. On n'est pas dans un registre burlesque mais plutôt de l'auto-dérision. Il n'y a pas trop de comique de répétition qui est un peu une plaie avec de Funès qui a tendance à beaucoup insister dans son jeu. Ici, il en est d'autant plus amusant et efficace.
Les scènes hilarantes même après plusieurs visionnages résistent plutôt bien y compris dans les détails : la réception des japonais à l'usine et les gags concernant leurs manies de tout photographier, le repas avec l'interprète qui traduit "cul sec" au patron japonais, la partie de billard avec le préfet (Jacques François), le débat entre les candidats complètement foiré, la journaliste outrée par les réactions machistes, le jour de paye, etc etc
La chute du film est tout aussi excellente avec la reconstitution d'un couple et son départ vers une activité plus saine même si l'impénitent De Funès est encore en train d'imaginer une industrialisation possible de l'activité agricole.
Annie Girardot fait un très bon numéro dans le rôle de l'épouse qui joue jeu égal face à De Funès : solidaire, aimante mais maîtresse femme. Comme toujours, remarquable, cette actrice.
De nombreux seconds rôles qui contribuent largement aux gags de Jean-Jacques Moreau dans le rôle de l'adjoint au maire et du contremaître, le touchant Maurice Risch dans le rôle de "l'imbécile " pourtant très utile, Julien Guiomar dans le rôle du toubib écolo, etc …
Oui, c'est un film sympathique que je revoie toujours avec plaisir car s'il est significatif d'une époque, il reste intemporel et traite de façon amusante de problèmes bien actuels. Un vrai film de divertissement.