L'Affaire Nevenka nous raconte une histoire inspirée de faits réels, celle de Nevenka Fernández, une jeune économiste, propulsée au rang de conseillère municipale. Un poste pour lequel elle n’a ni formation, ni préparation politique, mais apparemment tout un potentiel à exploiter pour Ismael Álvarez, le maire de Ponferrada.
Lui, est un homme politique charismatique, l'emblème d'un machisme systémique, qui voit dans cette "petite", une conquête à ajouter à son tableau de chasse.
Dès les premières minutes le décor est planté. Nevenka, intelligente et ambitieuse, fait ses premiers pas dans le monde politique : un terrain de chasse pour les regards lubriques et les egos surdimensionnés.
Álvarez se pose en homme tout puissant, l'archétype du politicien libidineux. Son regard ? Un mélange de convoitise et de domination. On comprend vite que Nevenka n’est pas entrée en politique pour servir la municipalité, mais pour être servie en pâture à l’ego d’un prédateur persuadé que ses "sentiments" valent bien une promotion forcée au rang de conquête.
Si vous cherchez un manuel sur l’art de manipuler une victime jusqu’à lui faire douter de sa propre perception de la réalité, ce film est une parfaite étude de cas.
Álvarez manipule et joue de son pouvoir pour convaincre Nevenka qu’elle est, au fond, attirée par lui. Dans une scène particulièrement percutante, seul avec elle, Álvarez lui implante l’idée d’une romance inévitable. Et la voici prise dans un engrenage, où elle finit par croire que son propre rejet est un mensonge. Une leçon bien apprise du patriarcat : quand une femme dit non, elle veut sans doute dire oui.
Álvarez verrouille la dernière issue lors d'un déplacement professionnel : une seule chambre d’hôtel pour deux, bien sûr en période de fêtes, là où tout est "malheureusement complet". Nevenka, acculée, n’a d’autre choix que de rester.
La scène qui suit se déroule comme une formalité pour Álvarez : il s'approprie ce qu’il considère comme un dû, sous prétexte qu’elle est là, paralysée par la sidération et le piège qui s'est refermé sur elle. Le système lui a déjà montré que lutter est inutile, et qu’ici, le pouvoir masculin ne demande jamais la permission, il prend.
Sa descente aux enfers est terriblement bien rendue. Elle devient l'ombre d’elle-même. Son visage se creuse, son regard se vide, son esprit se perd. Une dépression profonde s'installe, et si elle n’en sort pas, c’est « de sa faute ».
Nevenka ne se contente pas de survivre à son calvaire : elle le dénonce. Mais que fait la société ? Elle la punit pour avoir brisé l'omertà. L’affaire devient un cirque médiatique où Nevenka est jugée avec plus de sévérité que l’homme qui l'a brisée. La salle d’audience devient un miroir déformant de la réalité : une victime qui se bat pour sa dignité est perçue comme coupable d’avoir osé parler. Voilà un peu l’atmosphère dans laquelle elle se débat, presque sans soutien. Ses parents ? "Tu as dû faire quelque chose pour le provoquer." Les habitants de Ponferrada ? "C’est une incompétente." Et les médias, micro en main, se chargent de dresser le portrait d'une menteuse motivée par la vengeance.
Álvarez, quant à lui, continue d’afficher cette arrogance propre aux hommes convaincus que leur pouvoir est une armure invincible. Et pourquoi s’en priverait-il, dans une société où la honte ne semble jamais coller aux agresseurs ?
L’Affaire Nevenka ne se limite pas à la description d’un système pourri ; c'est une condamnation sans appel d’un système conçu pour étouffer les femmes qui osent exister hors du silence. C’est aussi le récit d’un courage qui transcende la peur : si Nevenka réussit à briser le silence, c’est au prix de l'exil professionnel.
Ce film, à la fois poignant et désespérant, révèle une vérité brutale : la société n’aime pas les femmes qui osent briser le silence. Elle préfère les ignorer, les culpabiliser ou, pire encore, les lyncher sur la place publique.
L’Affaire Nevenka n’est pas une œuvre légère, mais un rappel nécessaire que certaines vérités, aussi terribles soient-elles, doivent être dites. À travers son histoire, on découvre que le véritable crime ce n’est pas seulement le harcèlement sexuel, mais le système qui permet à ces agressions d'exister.