D'abord, d'abord, y'a la chorale, une fille toute mignonne, qui chante avec son coeur, qui arrache des coeurs. C'est peut-être "cliché", Monsieur, peut-être, mais c'est doux et bon.
Oui, mais ça ne dure pas et continue comme ça: la jeune choriste est devenue une femme de vie grasse et en mal d'affection et de stabilité, qui couche chez les uns, puis chez les autres, avec les uns avant d'être surprise par les autres ... et ça fait des grands "Ah!", et ça fait des grands "Sors!"
Faut vous dire, Monsieur, qu'à ce moment-là, c'est boulevard, Monsieur, et c'est comique bas.
Qui laisse peu de surprises et qui n'esbaudie pas ... ou du moins, pas encore ...
Puis vient le Dr Who, enfin un type curieux, avec son grand manteau, avec son p'tit vélo, qui n'a pas le téléphone, qui sort d'on ne sait où, une sorte de Clarence du fond de La Vie est belle, un Peter Falk Ange de quat' sous. La Belle tombe éprise, du moins s'épend un peu, toujours un peu plus ...
Elle révèle son secret à son amour discret: au Noël dernier, on l'avait transplanté, et puis, depuis ce jour, elle ne vit qu'à moitié, et se gâche et se gâche. Mais au petit matin, l'amoureux n'est plus là et la jeune femme borde un magasin "Damascus": fais ton chemin de Damas ...
Ça devient romantique et notre Scrooge féminin, après bien des passages qui ne servaient à rien, redevient douce et belle, et chante à nouveau bien ... et pour faire le bien.
Mais l'ami angélique ne veut pas s'engager. Et c'est à notre amie d'aller le rechercher, entre deux tribunes un peu républicaines: vous êtes les bienvenus, l'homosexualité n'est pas à condamner: votez pour Joe Biden, fin d'la publicité.
Faut vous dire, Monsieur, que chez gens-là, et chez eux seulement, on sait partager, Monsieur, oui, oui, on échange: et démarre le beau de l'histoire.
Car le joyau du film, ce qui le rend si bien, ce n'est Michelle Yeoh qu'a vieilli plus d'un brin ou Emma Tompson qui joue les expat' russes un peu paranoïaque: c'est comment l'on explique la suite de la crise cardiaque survenue l'an dernier.
Le titre et l'héroïne se trouvent enfin entier par le twist réparés, Réparer les vivants ...
L'air change, devient du George Michael, pris au pied de la lettre, devient très émouvant, déclenche la larmichette, puis les larmes tout court: l'homme au vélo est mort Noël dernier dans un accident. Donneur d'organe, il a littéralement donné son coeur à l'héroïne qui n'en a rien fait de bon. Et la part de lui présente dans ce dernier organe s'adresse à elle pour la ramener sur le droit chemin.
Maintenant, réécoutez les premières paroles de la chanson: "Last Christmas, I gave you my heart
But the very next day you gave it away This year, to save me from tears I'll give it to someone special..."
Un film plutôt décevant ponctué de micro-vaudevilles, de poncifs des sitcoms adolescentes qui joue au téléfilm de Noël sans y parvenir, donnant dans le SJW par instants pour s'approfondir, qui va se transcender d'un coup, être sauver par sa révélation finale qui l'élève in extremis au statut de Chant de Noël dickensien moderne.
Ne vous laissez pas abuser par son apparente superficialité et subissez la première partie pour en apprécier la suite à sa juste valeur: un diamant d'innocence.