Imperfect Blue

Bon, bon, bon...

Vous voyez le 5 vous vous dites, "ah, il a trouvé le film plutôt moyen", mais c'est plus compliqué que ça.

Préambule :

• Anya Taylor-Joy est l'une des plus grandes actrices de notre temps, elle est parfaite, elle sait tout faire et je l'aime mais elle a des choix de carrière de merde.
• Matt Smith est le meilleur Docteur, si c'était à moi de choisir le prochain James Bond je le choisirai lui, il est parfait, il sait tout faire et je l'aime.
• Diana Rigg est la meilleure James Bond Girl de la saga, Au Service Secret de sa Majesté c’est dingue et juste pour ça je l’aime.
• J’aime les couleurs, j’aime les néons.

En gros, Last Night in Soho avait tout pour finir dans mon Top 10 de l’année. Malgré tout, force est de constater que ce n’est pas le cas. Pourtant j’aurais aimé, j’aurais tant aimé. Mais même en y mettant toute la subjectivité du monde, ça me fait mal d’admettre que je trouve que le nouveau film d’Edgar Wright est raté, que ma note de 5 ne repose presque uniquement sur la performance des acteurs et les couleurs du film, sinon je pense lui mettre un 3, un 4 max.

Il faut dire que je ne suis pas grand fan du travail de Wright. Bien évidemment qu’il a fait des trucs cools, Shaun of the Dead c’est super. Et bien évidemment qu’il a fait des trucs que je n’aime pas du tout mais du tout, coucou Baby Driver. Nan moi ce qui me dérange réellement avec Wright, c’est son obsession de faire de tous ses films des juke-box filmiques. Malheureusement, Last Night in Soho n’échappe pas au procédé qui me donnait envie de me tailler les veines devant Ansel Elgort et son bolide, puisque tout le film est servi par des dizaines et des dizaines de chansons. Et des fois ça marche, mais des fois je trouve que ça nique toute la beauté de la scène.

Mais ça je m’y attendais, je ne peux donc pas vraiment reprocher cela au film. C’est le style d’Edgar Wright, je n’y adhère pas, d’autres y adhèrent, ce n’est donc pour moi, pas un de ses principal défaut.

Si Wright a fleurté avec l’horreur dans Shaun of the Dead, j’étais très intrigué à l’idée de le voir s’y plonger totalement. Par ailleurs la bande-annonce nous vendait une espèce d’elevated horror entre deux mondes, bref j’étais très intrigué. Franchement, je trouve la première heure assez agréable, bien que très clichée avec les personnages de Jocasta ou de John par exemple, elle ne m’est pas désagréable et je me prête volontiers au jeu proposé d’autant que Thomasin McKenzie est impeccable, alors que je ne la porte pas dans mon cœur entre Old où elle est catastrophique et Jojo Rabbit, où elle juste très moyenne. Là non, avec son superbe accent, elle nous fait croire en son personnage de bout en bout. Mais de toute manière, les acteurs sont globalement tous impeccables, que ce soit Taylor-Joy ou Smith, mais mon petit préféré reste Terrence Stamp qui, même s’il a un personnage écrit avec les pieds et qui ne sert à rien si ce n’est allonger la durée du film, est très bon et franchement un peu effrayant.

Je tourne autour, je tourne autour, je ne dis que du bien du film mais encore une fois, ça me fait chier de taper dessus tant je l’attendais et j’aime trop d’acteurs du film pour lui vouloir du mal.

Bon allez, on finit avec les points positifs pour passer à la merde. Les couleurs sont très belles, il faut dire que je ne suis pas objectif quand on me met des néons sous le nez, et toutes les scènes de danse et de chant, qui sont aussi mon péché mignon au cinéma, sont superbe. Anya chante bien, Anya danse bien, Matt Smith est beau putain qu’il est beau…

Pffff…

Allez…

Respire…

Prends ton temps…

Dis ce que tu as sur le cœur…

Le film est pas bon. Le film est raté, surtout dans sa deuxième partie quand l’horreur prend une place prépondérante dans le récit. C’est con hein, parce que c’est ce qu’on veut quand on regarde le film. Ça m’attriste de le dire, mais je trouve que Wright s’est foiré dans sa mise en scène de l’horreur pour une simple mais très grosse raison, le tempo horrifique du film est horrible. Je trouve ça assez hallucinant que, chaque fois que l’horreur apparaît, il apparaisse dans le plan avec une demi-seconde de retard. TOUT LE TEMPS. A chaque fois, qu’il y a des éléments horrifiques, ils apparaissent une demi-seconde trop tard. Et étant donné que la deuxième partie du film ne repose que sur l’horreur, elle devient indigeste, parfois cartoonesque tant la non-maitrise du rythme tombe dans le ridicule. Et de fil en aiguille, si l’avènement de l’horreur dans un film horrifique est raté, cela décline sur toute l’atmosphère de ce dernier. Ainsi, jamais je n’ai été pris aux tripes, la seule réaction que j’ai eu quand je regardais le film c’était "oh qu’elle est belle Anya, oh qu’il est beau Matt, oh qu’elles sont belles les couleurs." Pffff…. ça me brise le cœur, car ce n’est pas la seule chose que je n'aime pas.

Puisqu’un des gros défauts du film, qui n’en aurait pas été un s’il avait bien été mis en scène, c’est son scénario, d’une débilité sans non. Tiens d’ailleurs quand je dis que ce n’est pas bien mis en scène je parle que des éléments horrifiques parce que globalement la réalisation est très bonne et certaines m’ont beaucoup marqué, comme cette scène de danse entre Matt Smith, Anya Taylor-Joy et Thomasin McKenzie.Cependant, le nombre de plans déjà-vu dans d’autres films est hallucinant. Coucou Perfect Blue, coucou L’Enfer de Clouzot, coucou Suspiria mais y a pas besoin d’aller aussi loin dans le passé puisque les bébêtes de Mike Flanagan passent aussi dire coucou à McKenzie. Ça vire parfois au copier-coller et, on en revient toujours au même problème, je n’aurais pas trouvé ça grave si les trucs "originaux" me procuraient une quelconque émotion. Mais il n’en est rien, le film est un catalogue de références cinématographiques, un catalogue de musiques des sixties, un catalogue de clichés, de néons, de couleurs et de belles robes.

Pour en revenir au scénario, bien sûr ce n’est pas le premier film bourré de faux-raccords, ce n’est pas le premier film avec des personnages totalement débiles qui ne devinent pas qui est qui alors qu’on le sait dès la première apparition du personnage. Ce n’est pas non plus le premier à cumuler des clichés d’écriture de personnages et de facilités scénaristiques. Mais si l’atmosphère du film est mauvaise, que l’horreur n’est pas bien amené et que l’on est donc pas pleinement imprégné par l’ambiance du film, toutes ces erreurs, ce scénario bête et ces clichés sont les seuls choses que l’on voit dans ce film, avec la performance des acteurs. Tous les clichés débiles que vous pouvez imaginer sont présents. Comme c'est mal écrit, on nous conclut les intrigues et sous-intrigues (qui ne servent à rien) par des twists débiles et le super gros twist final est conclut par un truc horriblement incohérent puisque l'on nous montre littéralement ce qu'il se passe. Mais en fait non.

Les personnages de

FAIT AVANCER TON FILM. Ah non tu n’as rien à dire, bon bah c’est normal du coup.
Ah...Si tu as quelque chose à dire ? bon bah vas-y :

Oui alors, les messieurs qui l’ont violé c’est pas trop leur faute c’est surtout elle elle est timbrée et puis « not all men » hein et de toute façon elle est hystérique. Mais va bouffer de la gadoue.

Alors oui, un fan de Wright aimera sûrement. Je pense d'ailleurs que quelqu’un qui ne connaît pas trop les films d’horreurs ou les giallos aimera sûrement beaucoup. Mais personnellement, ce film me réconforte juste dans l’idée que je veux épouser Matt Smith et Anya Taylor-Joy et que Suspiria c’est bien. Rarement j’ai été aussi déçu par un film, mais il fallait que je m’exprime sur ce film qui va sûrement être très apprécié du grand public.

Ne vous faîtes pas aveugler par la beauté des couleurs ou des acteurs, Last Night in Soho c’est un film certes bien mis en scène mais globalement raté, une terrible désillusion, avec qui plus est un message de fin franchement dégueulasse, qui n’est je pense même pas volontaire, mais c’est tellement mal fait...

Putain…