Enfin. L'occasion de voir « Lawrence d'Arabie » au cinéma s'est offerte : je ne pouvais donc décemment pas la manquer. Et nul doute que ce film a vraiment quelque chose de majestueux : ses plans larges grandioses, ce désert somptueux à la fois fascinant et meurtrier, une beauté visuelle de tous les instants, une bande-originale mythique... Il n'y pas à aller bien loin pour comprendre la place essentielle que celui-ci occupe dans l'Histoire du cinéma. Même si le contexte historique m'échappe sur certains points, l'époque est suffisamment intéressante pour qu'on s'y retrouve, notamment à travers les intérêts politiques décrits, anglais comme arabes.
Ce qui marque également, c'est la distinction très nette entre les deux « parties » : si le parcours de Lawrence s'apparente d'abord à une fresque d'aventures éblouissante, héroïque porté par un protagoniste étrange, presque mystique, défiant le destin pour écrire sa propre légende, la suite s'avère souvent désincarnée, la désillusion régnant et l'aura du héros étant sévèrement mis à mal, notamment par les considérations... économiques. Plus de grandeur, juste un personnage se perdant au point d'apparaître quasiment maso, déconstruisant presque tout ce qui avait été fait précédemment
(qu'il soit obligé de tuer celui qu'il avait sauvé du désert n'a évidemment rien d'anodin),
jusqu'à une fin presque abrupte mais en définitive totalement cohérente, confirmant le statut très particulier de l'œuvre, le genre de productions qu'on ne verra malheureusement plus jamais.
On peut trouver ça frustrant, cette seconde moitié étant effectivement moins trépidante, moins impressionnante, presque « lente » au vu de la précédente. Mais c'est aussi ça le sel de « Lawrence d'Arabie » : ne pas nous offrir exactement ce que nous étions venus chercher, mais quelque chose de plus troublant, profond, représentative de la nature humaine et des enjeux financiers entre les nations. Remarquable interprétation, Peter O'Toole y trouvant le rôle de sa vie, entouré de seconds rôles prestigieux ayant tous quelque chose à jouer (Omar Sharif, Alec Guinness et Anthony Quinn en tête). Du cinéma comme on en fait plus, pouvant légèrement décevoir sur la durée, pourtant aussi beau dans le triomphalisme que la désillusion.