Lawrence d'Arabie par Kroakkroqgar
Avant même que les premières images n’apparaissent à l’écran, le thème de l’œuvre est déjà ancré dans notre tête, et il le restera tout au long du film. Magnifique et magistrale, la musique composée pour ‘Lawrence of Arabia’ est de loin une des bande-originale les plus puissantes du cinéma.
Mais l’œuvre ne saurait se limiter à une mélodie. Le film se présente comme une fresque de presque 4h qui parvient à allier une vision historique pertinente de la seconde Guerre Mondiale à un portrait d’homme extraordinaire. En effet, ‘Lawrence of Arabia’ relate le rôle méconnue des tribus bédouines et des arabes dans la guerre opposant les Alliés aux turques. Le film se charge d’une dimension historique lorsqu’il relate l’avancée arabe, mais aussi d’une dimension politique en expliquant les enjeux de la guerre pour les arabes et les britanniques. Son contexte étant déjà intéressant, il ne manquait plus que le personnage de Lawrence pour rendre le métrage passionnant.
‘Lawrence of Arabia’ dresse en effet le portrait d’un personnage inoubliable. A la manière de Charles Foster Kane, le film s’ouvre sur la mort du personnage, et sur le mystère qui entourait sa vie. Et le lieutenant Lawrence présenté est effectivement un homme fascinant. Hurluberlu ou héros intrépide, l’ambiguïté du personnage devient parfaitement hypnotique lorsque sa nature de prophète est évoquée. Entièrement vêtu de blanc, enchaînant les miracles et acclamé par les bédouins, la crise identitaire du personnage principal est saisissante. Guidé par sa conviction de pouvoir mener la révolution arabe mais déchiré par ses démons, Lawrence devient un monstre qu’on ne saurait blâmer. Sa destruction psychologique, à travers deux échecs retentissants, ne lui laisse plus qu’une seule issue : quitter le désert.
Parce l’acteur principal de ‘Lawrence of Arabia’ n’est pas l’excellent Peter O’Toole, mais le désert. Les paysages sont magnifiques et le cadrage sublime les images. Chaque plan des sculptures rocheuses, des dunes, des ombres projetées sur l’océan minéral est fantastique. Malgré l’aridité des contrées désertiques, on a envie de ressentir cet espace comme Lawrence le vit. Comme Paul Atréides dans ‘Dune’ de Frank Herbert, le désert a éveillé Lawrence et la vie de l’Anglais s’achève en même temps que le récit : lorsqu’il quitte le l’Arabie
La performance du réalisateur ne s’arrête pas aux images de paysages. La mise en scène est étourdissante quand des dizaines de bédouins emplissent l’écran, que ce soit au cours d’une charge guerrière ou pendant la traversée des étendues désertiques. Les costumes sont remarquables, les acteurs sont excellents, le récit est rythmé malgré d’inévitables longueurs.
Une fresque monumentale.