Située entre celles de JFK et de Richard Nixon, la présidence de Lyndon Baines Johnson est sans doute l'une des moins connues du grand public parmi les différents POTUS de l'ère moderne.
Peut-être conscient de cette situation, les producteurs se sont penchés récemment sur le cas de LBJ, redevenu soudain au centre de l'attention médiatique : en effet, après le téléfilm de Jay Roach en 2016 ("All the way"), l'ancien Président Johnson fait également l'objet d'une oeuvre de cinéma, signée du vétéran Rob Reiner.
Ce dernier a clairement perdu de sa superbe depuis la fin des années 80, véritable âge d'or au cours duquel le réalisateur américain enchaînait les classiques ("Stand by me", "Quand Harry rencontre Sally", "Misery"...). C'est d'autant plus étonnant de voir son nom accolé à un biopic politique, genre que Reiner n'avait jamais abordé, hormis très indirectement dans "Le Président et Miss Wade".
Et comme on pouvait le craindre, "LBJ" est un film consensuel et sans grande envergure, quelles que soient ses qualités par ailleurs. Il ne faut pas s'attendre ainsi à découvrir un pamphlet politique remettant en cause le Président Johnson (et signaler par exemple les soupçons qui pèsent sur lui en tant que potentiel complice dans l'assassinat de JFK).
Certes, le film montre bien les défauts et les faiblesses du personnage, et notamment son peu d'enthousiasme au sujet des droits civiques, véritable thème central de "LBJ", mais rassurez vous, Johnson aura finalement un sursaut démocratique pour achever le récit sur un happy end patriotique.
Pour ma part, je reste client des films politiques, donc j'ai passé un moment assez plaisant devant "LBJ", instructif et pédagogique, un peu bavard mais plutôt rythmé, et d'une durée très raisonnable.
Le film bénéficie en outre d'une distribution alléchante : certes, malgré ses lourdes prothèses, Woody Harrelson ne ressemble guère au véritable Lyndon Johnson, mais il signe une prestation convaincante, bien secondé par Jennifer Jason Leigh, Bill Pullman et Richard Jenkins, ainsi que par le duo Jeffrey Donovan - Michael Stahl-David dans le costume des frères Kennedy.
Rob Reiner a beau signer son meilleur film depuis longtemps, ce biopic consacré à LBJ s'apparente beaucoup à une page wikipedia illustrée, pas déplaisant pour qui s'intéresse à l'histoire contemporaine, mais trop convenu pour marquer un minimum les esprits.