La tuerie du Bar du Téléphone est un terrifiant fait divers resté inexpliqué, au cours duquel dix personnes furent massacrées dans un établissement marseillais, possiblement à la suite d'un règlement de compte entre gens du Milieu (même si la majorité des victimes étaient inconnues des services de police).
Le réalisateur Claude Barrois choisit de resituer cette histoire en région parisienne, dans un projet qui fleure l'opportunisme, moins de deux ans après les faits.


Au-delà de cette récupération de mauvais goût, le film s'avère moyen, trop inégal d'une scène à l'autre, à l'image de son casting, qui voit les anciens assurer tandis que la jeune génération sombre, comme dans cette scène d'intimidation grotesque en début de film.
Pourtant, ces petits jeunes qui débutent portent des noms désormais bien connus (Christophe Lambert, Richard Anconina), mais la direction d'acteur fait défaut : ainsi, le deuxième nommé jouera l'année suivante dans "Le choix des armes", et s'y révélera comme par hasard très bon, cornaqué par Alain Corneau.


Inversement, la vieille garde - composée de Julien Guiomar, George Wilson, Raymond Pellegrin et François Périer (dans un de ses éternels rôles de grand flic ambigu) - se montre à son avantage, bénéficiant il est vrai des meilleurs dialogues.
Faisant le lien entre les deux époques, Daniel Duval apparaît lui aussi convaincant dans la peau du "bandit d'honneur" Toni Veronese, dans un rôle viril qui pouvait basculer dans le ridicule. On regrettera simplement sa bluette trop cliché avec Valentine Monnier, éphémère comédienne réapparue récemment sous les feux de l'actualité dans l'affaire Polanski.


J'ai évoqué "Le choix des armes", qui confrontait lui aussi deux générations de voyous au virage des années 80, et la comparaison se révèle cruelle pour "Le Bar du téléphone", qui ne rivalise dans aucun domaine, plombé notamment par un scénario parfois confus (pourtant signé Claude Néron, bien meilleur dans ses collaborations avec Claude Sautet) et par une mise en scène parfois maladroite, malgré des efforts visibles.
Au moins, on ne s'y ennuie pas, grâce au rythme soutenu et à la durée très raisonnable ; un polar frenchy à réserver uniquement aux amateurs du genre.

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le 9 mai 2020

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Val_Cancun

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