C'est un western que j'avais vu il y a très longtemps et dont je viens de trouver à ma grande satisfaction le DVD.
Le scénario du film est tiré d'un roman écrit par le scénariste lui-même, Richard Sale que je ne connais pas ; je suppose que, logique avec lui-même, le scénario présente une certaine fidélité au roman.
Le point important me semble de bien pointer au départ les bases du film à savoir la légende du Bison Blanc et les personnages historiques de Wild Bill Hickok et de Crazy Horse
La vraie légende du Bison Blanc Lakota- Sioux raconte que deux guerriers Lakotas rencontrent, au cours d'une chasse, une belle femme. Le premier guerrier voulant profiter de l'aubaine est pulvérisé par la femme (un esprit ou une déesse) tandis le deuxième, plus respectueux, est incité par la femme à l'accompagner à son village où elle développera une cérémonie définissant les rites fondateurs des divers évènements de la vie. Puis elle se transformera en bison blanc qui devient un symbole sacré de l'harmonie, de l'unité et de la paix entre les tribus indiennes.
Le film de Jack Lee Thompson évoque plutôt le bison blanc comme étant un monstre qui ravage le village d'origine de Crazy Horse puisqu'il tue à son passage sa fille au point que le chef indien est déchu de son titre jusqu'à ce qu'il puisse retrouver et tuer ce bison blanc de sorte à pouvoir faire de dignes funérailles à sa fille, lui assurant la paix de son âme. Ensuite il pourra retrouver son titre. Si je me rapproche de la légende, il est donc certainement impensable que pour un Sioux ou un Lakota, l'objectif soit de tuer ce bison blanc, tout auréolé qu'il est d'un personnage sacré, pacifique et bienveillant. Et que vient faire Wild Bill Hickok dans cette affaire sinon d'éprouver une vitale nécessité de tuer, lui aussi, ce bison blanc qui est un sujet de cauchemars terribles chaque nuit.
Il ne faut donc pas rechercher la moindre vraisemblance dans le film de Jack Lee Thompson même si certains éléments du personnage de Wild Bill Hickok sont probablement véridiques comme la tuerie dans le saloon dans un village de mineurs car l'homme avait la réputation d'être une fine gâchette et de ne pas trop se laisser marcher sur les pieds.
Le film sera la lutte de trois hommes, Crazy Horse superbement joué par Will Sampson (l'indien de "Vol au-dessus d'un nid de coucous), Wild Bill Hickok interprété par un Charles Bronson aux cheveux longs et un troisième comparse Charlie Zane, vieux copain de Hickok, homme de la montagne, misanthrope et raciste, irréductiblement anti-indien, interprété par Jack Warden, le légendaire second rôle du cinéma américain.
Ce que je trouve bien dans le film, c'est l'amitié respectueuse qui va se développer peu à peu entre Hickok et Crazy Horse qui dépassera la haine de Zane envers tout ce qui est indien. Il y a une indéniable valeur symbolique à porter au crédit du film.
Autre chose d'assez réussie, c'est la mise en scène dans les paysages enneigés superbes qui s'opposent à la boue omniprésente et la grisaille du village de mineurs. Cette mise en scène est remarquablement accompagnée par la musique mystérieuse limite fantastique de John Barry.
Concernant la mise en scène dans les Black Hills, je ne peux m'empêcher de penser à celle du film de Pollack "Jeremiah Johnson". Simplement, sans nul doute, je préfère largement la mise en scène de Pollack bien plus prégnante et puissante.
En conclusion, le western de Thompson présente des aspects fort intéressants comme ce trio de personnages qui s'associent pour lutter contre ce bison blanc. Les images très signifiantes des tas d'os de bisons traduisant le massacre perpétué sur les immenses troupeaux sont un clin d'œil historique.
Par contre, je regrette que la légende indienne du Bison Blanc ait été complètement transformée pour faire une sorte de "Moby Dick" ou "Jaws" dans les montagnes. Quelle puissance aurait eu ce film sur un autre scénario pour, au contraire, rendre hommage aux croyances et légendes du peuple indien ?