Le bonheur ne se partage pas, il se prend.

Troisième film de Agnès Varda, celui-ci fut un gros scandale à l'époque, car il montrait qu'un homme pouvait tromper son épouse tout en se persuadant d'être dans le bonheur et de ne pas faire le mal.
N'oublions pas qu'en 1965, divorcer était encore rare, et le libertinage encore plus, c'était quasiment du blasphème !

C'est d'autant plus troublant que le couple principal est interprété par Jean-Claude Drouot (plus connu pour avoir interprété Thierry La Fronde !) et sa femme dans la vie, ainsi que leurs propres enfants ! La femme pécheresse, incarnée par la sublime Marie-France Boyer, ressemble beaucoup à Mme Drouot avec sa blondeur innocente, mais qui ne semble pas elle aussi coupable de sa faute.

Le titre vient de la conception du plaisir pour cet homme, à savoir vivre avec deux femmes, mais qu'il ne sente mal pour ça, car sa joie de vivre envahit son entourage, et donc ses femmes. A noter que le film fut interdit aux moins de 18 ans, non pas pour du sexe (quoique un voit un sein ou une superbe chute de reins), mais pour le côté amoral de l'histoire.

Peu importe l'époque, j'aime voir des films qui bousculent les idées établies, et celui-ci est quelque part visionnaire de la liberté sexuelle qui arrivera quelques années plus tard.
On sent aussi que la personne qui réalise ce film est une femme, car malgré le côté scandaleux de l'histoire, il y a une très grande tendresse qui s'en dégage, en plus de ces acteurs tous très bons, et criants de naturel. Et quelle image ! On perçoit aussi la photographie assez jaunie de l'histoire, comme si celle-ci figurait déjà au passé.
On peut aussi penser à Godard, dans le côté parfois bricolé (comme des slogans qu'on voit à l'image qui symbolisent l'état d'esprit de l'homme), et dans les scènes adultérines dont les plans sur des parties du corps de l'homme et de la femme renvoient à Une femme mariée.

Ce film a vraiment quelque chose de très moderne, mais avec une douceur qui fait que l'on se laisse emporter par l'histoire, qu'elle soit immorale ou non.
Boubakar
8
Écrit par

Créée

le 2 juin 2013

Critique lue 3.8K fois

7 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 3.8K fois

7

D'autres avis sur Le Bonheur

Le Bonheur
Rawi
8

Le bonheur superlatif ?

Quand derrière l'extrême simplicité se cache un message cruel et violent. François est un homme heureux en ménage et un jeune père comblé. Il aime son épouse qui l'aime en retour. C'est un...

Par

le 13 sept. 2014

69 j'aime

3

Le Bonheur
Thaddeus
9

Comme une terreur tranquille

Il est des films qui ménagent une marge blanche utile au jugement, certains points d'appui, saillies où arrimer le commentaire, repères à relier et relire. Le Bonheur n'est pas de ceux-là : en dépit...

le 9 nov. 2014

17 j'aime

1

Le Bonheur
B-Lyndon
8

Être heureux.

Le film est tout simple, presque implacable : un jour de pique-nique avec François, sa femme Thérèse, et leur deux enfants. Il fait un temps radieux, les sourires et les mines ravies sont là, et ne...

le 12 avr. 2014

14 j'aime

2

Du même critique

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

44 j'aime

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9