Adaptant sa propre pièce de théâtre "L'île flottante", Daniel Cohen signe une comédie de mœurs parfois bancale et maladroite, le cul entre deux chaises, à laquelle j'attribue néanmoins la note généreuse de 6/10, pour deux raisons.
Primo, "Le bonheur des uns..." ose mettre en évidence (trop timidement) la notion d'amertume, un sentiment rarement abordé par la comédie française contemporaine - contrairement à la comédie italienne des années 60-70, par exemple.
Secundo, j'ai apprécié de découvrir Vincent Cassel dans un registre très inhabituel, celui du cadre un peu coincé et faussement sûr de lui, dont la misogynie apparente cache une profonde insécurité. Son couple avec la gentille et effacée Bérénice Bejo fonctionne bien, et porte clairement le film sur le plan émotionnel.
Le registre de l'humour est confié à l'autre binôme de cette histoire, composé d'une Florence Foresti parfois drôle mais rarement juste, et d'un François Damiens dans son élément en gentil beauf moins con qu'il n'en a l'air.
Ces deux personnages apparaissent trop caricaturaux, illustrant la difficulté du film à se positionner entre franche rigolade et comédie de mœurs plus méchante. A l'image du dénouement qui dans un premier temps semble faire preuve d'une belle audace, mais ne peut s'empêcher d'atténuer l'amertume finale par un artifice malvenu.
Si la mise en scène de Cohen s'avère purement fonctionnelle, on pourra noter à son crédit la gestion temporelle du récit, les ellipses s'enchaînant harmonieusement sans perturber la narration.
Au final, "Le bonheur des uns..." constitue un divertissement assez anodin mais vaguement sympathique, porté par l'interprétation sans faille de Vincent Cassel et Bérénice Bejo, deux comédiens que j'apprécie à titre personnel.