Sympathiques, les braqueurs ont laissé un petit mot aux policiers arrivés dans la banque après leur méfait. "Sans armes ni rancunes", telle était leur conclusion sur ce vol commis en 2006 en Argentine, un "exploit" plein d'audace reconstitué avec minutie par Ariel Winograd dans El robo del siglo. Puisqu'il n'y a guère de suspense, le film opte pour un ton léger, saupoudré d'un humour bienvenu sur cette entreprise qui rappelle aussi bien les performances de Spaggiari que Ocean's Eleven. La mise en scène, précise, ne vise pas à la virtuosité d'un Soderbergh, cherchant plutôt à retrouver l'esprit moitié espiègle moitié anti-système d'un vol qui ne s'attaquait qu'aux plus riches et par conséquent ne pouvait que susciter la sympathie du peuple argentin pour son ingéniosité. Le film attire les mêmes sentiments, particulièrement axé sur le cerveau du groupe et le voleur professionnel qui le seconde, les autres personnages, de simples amateurs recrutés pour leurs compétences techniques, restant dans l'ombre. Les scènes les plus réussies sont celles du jeu du chat et de la souris, entre les malfaiteurs et la police, pendant le braquage et la prise d'otages, lors de la négociation qui n'est qu'un leurre subtil. Sans prétention mais non son talent, El robo del siglo se déguste tranquillement, dans les délices d'une amoralité, au moins pour un temps, d'une grande suavité.