« Œuvre civique » ou encore « satire nécessaire », on n'a du mal à trouver à redire face à ces arguments qu'arborent les diverses presses pour encenser ce dernier film de Moretti. Pourtant une cause a beau être juste, un plaidoyer a beau avoir le mérite d'exister, encore faut-il qu'il sache toucher et intéresser. Or qu'elle difficulté pour se laisser transporter par ce "Caïman" ! Le cinéaste italien empile les artifices, souvent grossiers d'ailleurs, mais ne parvient jamais à donner de la cohérence et de l'âme à son propos. Au fond tous les procédés utilisés sont ici bien classiques et les symbolismes plutôt balourds. Bref, on a vite l'impression de se retrouver devant une copie scolaire plutôt que face à une œuvre d'artiste. Il a beau être honnête et animé de nobles intentions, ce "Caïman" n'est au fond qu'un animal empaillé sans âme, qui parlera peut-être à notre jugement mais certainement pas à notre cœur.