Présenté depuis 2021 dans une série de festivals, c'est finalement cette année que "Le Capitaine Volkonogov s'est échappé" débarque sur nos écrans.
Hallucinant d'ailleurs que la Russie ait produit un tel film sous l'ère Poutine tant la charge contre le pouvoir et les institutions est frontale. Certes, on parle ici des purges Staliniennes avec le recul historique mais si une seule personne du Comité Central est dupe sur l'écho contemporain, qu'elle change de taf !
Mettant un scène un soldat visé par la purge et qui va chercher dans sa fuite à se repentir pour ses méfaits, ce "thriller" historique s'impose par une atmosphère saisissante directement issue du cinéma de genre.
A travers l'odyssée de notre anti-héros, on traverse ainsi une Russie presque post-apocalyptique (magnifique direction artistique) et déjà hanté par des morts qui marchent. Dans ce parcours de rédemption, le monstre totalitaire et bureaucratique est décortiqué, mis à nu dans sa stupidité, sa violence et sa paranoïa par la douloureuse évocation des existences fauchées.
Nul besoin de connaitre l'histoire, nul besoin de gratter derrière les images, tout est lacanien (le traqueur vérolé de l'intérieur comme allégorie d'un système malade) et permet à chaque spectateur d'entrer pleinement dans le récit. Nous ne sommes pas là face au cliché du film slave austère de festival mais bel et bien une proposition de cinéma accessible et complète.
Dans une gradation narrative totale, les lieux traversés, les personnages rencontrés et les brutaux flash-backs s'imbriquent en un tout cohérent et passionnant. On pense d'ailleurs à Victor Hugo ou Charles Dickens pour cette capacité d'évocation touchant à l'onirisme, pour ce parcours rédempteur feuilletonnant et on sort de "Volkonogov" avec ce même sentiment de l'évidence.
Un des (très) grands films de l'année. Futur classique.