Ce film réalisé par Otto Preminger en 1963 est une analyse assez profonde du comportement d'individus catholiques au sein d'une église catholique en pleine mutation en cette première moitié du vingtième siècle.
C'est le retour sur sa vie d'un prêtre (américain) nouvellement nommé cardinal au Vatican.
Le retour sur des décisions difficiles relatives à sa sœur qui l'ont fait douter dans sa foi. Il fallait d'ailleurs une foi et un degré d'obéissance à une église chevillés au corps pour prendre de telles décisions. Chacune des décisions en entraînant, inéluctablement, en chaîne, une pire. On peut saluer le réalisateur d'avoir porté cette scène sans aucun anti-cléricalisme et avoir ramené le débat à l'individu. Même si le prêtre était prisonnier de sa foi. Les débats intimes auxquels s'est livré le prêtre sont encore extraordinairement d'actualité.
La lutte contre le racisme dans une petite ville de Géorgie (USA) est d'une sobriété exemplaire sans triomphalisme ni démonstration. Redoutablement efficace.
Pour ce qui concerne l'ambiguïté dans laquelle s'est trouvée l'église dans l'Autriche nazie, le réalisateur a choisi la modération et a un peu occulté les aspects ultérieurs racistes nazis conduisant au génocide de certains peuples et l'absence de réaction du Vatican. Il est vrai, que le sujet était, ici, de sauver ou protéger les catholiques autrichiens au moment de l'Anschluss. Le film conclut, assez habilement, sur les conséquences désastreuses des totalitarismes sans préciser s'il s'agit du nazi ou du communiste…
Le film est très intéressant car il est sans concession et sans pathos sur l'individu et ses actes et ne cherche pas à entraîner le spectateur dans un anti-cléricalisme ou une thèse de mauvais fonctionnement de l'église catholique ni à généraliser le comportement de l'individu vis-à-vis de l'église catholique. Le sujet concerne le prêtre et son itinéraire.
Bien sûr, je ne peux pas conclure mon propos sans évoquer la présence, lumineuse, tragique, de la très belle, de la si belle Romy Schneider... Là aussi d'ailleurs, si je peux me permettre, il a fallu au prêtre une foi à déplacer les montagnes pour résister...
Film remarquable à recommander absolument