Après le succès de leur version de Frankenstein, la Hammer Film Productions continue sa lancée dans la reprise en couleur des classiques de l'horreur gothique. Ainsi sort en 1958 le "Dracula" made in Hammer, qui lancera une franchise et deviendra l'un des fers de lance du studio.
Budget réduit oblige, il ne s'agit pas d'une adaptation complète du roman de Bram Stoker. Le film n'en reprend en fait que quelques éléments & personnages, allègrement simplifiés. Mais peu importe tant il est efficace et fluide sur sa durée modeste (1h22).
Et surtout, ce "Dracula" effectue pas mal de propositions qui ont du secouer à l'époque ! Comme pour "The Curse of Frankenstein", la couleur, a priori inadaptée à l'horreur (du moins vu de 1958), sert justement à renforcer le malaise. Nappes de brumes, décors gothiques recherchés, et surtout du sang écarlate sont ainsi mis en avant !
Tandis que la dimension sexuelle est très présente, Dracula ayant des allures de séducteur "violant" ses victimes (l'allégorie des canines et du filet de sang étant évidente...). Victimes qui sont bien souvent des jeunes femmes aux tenues affriolantes.
Le tout enrobé dans la mise en scène relevée de Terence Fisher, qui fait bon usage des jeux d'ombres et des contrastes de couleur vive. Mais Fisher n'est "que" l'un des trois membres du "trio gagnant" de la Hammer. Impossible de ne pas citer les deux autres...
A savoir Peter Cushing, habitué aux rôles de savants secs, qui incarne ici un Van Helsing placé au centre de l'intrigue. Roublard et allant droit au but, il est un excellente héros face à Dracula. Celui-ci est évidemment joué par Christopher Lee, dont la carrière sera marquée au fer rouge par ce rôle... qu'il interprètera au total 7 fois pour la Hammer, au sein des 9 (!) films de la franchise.
Grand et svelte, à la démarche inquiétante et eu regard perçant, jouant allègrement sur le volet séduction, l'acteur est aussi classe que terrifiant. Pas étonnant qu'il soit resté des décennies durant le visage le plus fréquemment associé à Dracula par le public.
Mais outre l'image de Lee, ce sont de nombreux éléments de ce film qui serviront de gimmicks de base pour l'immense majorité des films de vampire (canines acérées, yeux injectés de sang...). Preuve que cette version de la Hammer a eu du poids sur le cinéma fantastique !