Au cinéma, il n'existe pas quarante figures du vampire type. Y'en a quoi? Trois, voir quatre? Encore que je ne saurai même pas vous les citer toutes, tellement j'ai du mal à m'en souvenir. La vampire Sélène d' "Underworld"? Peu la connaissent vraiment. Brad Pitt et Tom Cruise dans "Entretien avec un Vampire"? Oui, pourquoi pas! Bela Lugosi? Certainement. Gary Oldman? Sans aucun doute! Mais voyez-vous, il existe un roi, quelqu'un qui règne sur le genre depuis maintenant presque soixante ans ( ou plus précisément 55 ans ), et a envoyé ce pauvre Lugosi dans les oubliettes : Christopher Lee.
Ce mec... Non mais ce mec! Je ne sais pas comment vous expliquer cela... Il faut que vous le voyez pour comprendre ce que je ressens! 1m98, un physique unique, une sacré gueule, une certaine classe, charismatique et froid, qui donne des sueurs dans le dos. Lui, quand il te regarde, t'essaies d'éviter ses yeux. Passez lui un long manteau noir, de fosses et rendez le blanc comme neige, et vous verrez à quel point il peut être impressionnant. C'est la figure même du vampire comme beaucoup le voit : grand, ténébreu, charismatique et puissant.
Alors oui, Christopher n'est clairement pas le meilleur acteur du film ( et de la saga ), qui se révèle être, pour moi, l'inoubliable Peter Cushing, mais il est clairement le plus impressionnant. A chacune de ses apparitions, voila qu'il s'empare de l'histoire et du film, et fait de l'ombre à tout le monde ( et pas que par sa taille ). Seul Cushing ( oui, encore et toujours lui! ) semble parvenir à l'égaler niveau présence, bien que sa petite taille ne l'avantage guère dans ce rapport de force, ce qui le rend d'autant plus impressionnant ( un homme normal, type un mètre 75 ) qui fait face à un géant, y'a du quoi vous surprendre, surtout que ledit Cushing n'en démord pas ( jeu de mot volontaire? ); mieux, même, il en joue et cherche d'autant plus à ressortir du film.
A la différence de Lee, lui amène la classe anglaise, et base presque entierrement son jeu sur elle. C'est ce qui le caractérise, et c'est tant mieux comme ça! Vous l'aurez compris, voila un affrontement d'anthologie, mythique et inimitable. Cushing était le meilleur choix possible pour s'opposer à Lee : il a presque autant de charisme, mais d'une autre manière. Au grand contraire de celui de Luke Evans ( ou encore de Gary Oldman, à ne surtout pas oublier! ), ce Dracula ci n'a rien d'attachant; le vampire est un monstre, seulement un monstre, il n'a rien d'humain, et tout ce qu'il fait est monstrueux : c'est le mal incarné, une abomination, quelque chose d'abominable, et l'on comprend pourquoi Van Helsing veut le tuer.
On ne s'y attache jamais; en même temps, le but n'est pas là. Les gars de la Hammer veulent nous faire peur, nous terrifier, et y parvienne un tant soit peu. On est vraiment loin de la première humanisation du personnage, celle de Coppola. Bon, il est vrai que le film a pris un sacré coup de vieux ( mais dans le bon côté, il a énormément de charme ), mais j'imagine sans peine ce qu'il pouvait faire ressentir aux spectateurs à son époque.
Les acteurs sont vraiment bons, et les effets-spéciaux, quand à eux, ont souffert du temps, mais bon, on lui pardonne aisément en voyant tout le reste. La mise en scène est vraiment bonne, Terence Fisher ( LE réalisateur de la Hammer ) signe un métrage à l'ambiance soignée et aux décors vraiment beaux. La musique, quand à elle, est tout simplement magique. Elle offre une sacré énergie au film, et nous file quelques frissons.
Pour l'poque, il est quand même vraiment violent, et même si sa durée est franchement trop courte ( au moins, il n'y a pas de longueurs, se met vite en place et est très intense ), les morts s'y accumulent et l'on observe des assassinats au pieu assez gores. La fin vient malheureusement trop vite, et certain la regretteront surement.
"Le Cauchemar de Dracula" est un film fondateur du genre, un petit chef-d'oeuvre malheureusement méconnu et l'un des meilleurs métrages sur le thème du vampire. Il n'est pas très fidèle au livre, mais son histoire est tellement belle que j'en suis venu à lui pardonner ces quelques petites erreurs de fidélité. En même temps, on ne va pas au cinéma pour voir un film/bouquin. La partie sensuelle du vampire est très bien exploitée, et ce pour la première fois de l'histoire du cinéma. Non, vraiment, visionnez le, il en vaut le coup!
http://avion.blogs.allocine.fr/2014/11/le-vampire-au-cinema-evolution-decheance-et-renaissance-13-le-dracula-de-fisher-un-chef-d-oeuvre-meconnu.html