Une curiosité "musicale" que nous offre un encore pas connu Hitchcock en 1934 …
Cependant, le quidam pensant trouver un biopic très précis et documenté sur la vie et l'œuvre de Johann Strauss père ou fils risque fort d'être déçu car le scénario se contente de raconter la rivalité/mésentente du père et du fils (un fond de vérité), les amours du fils avec la fille d'un pâtissier viennois (on n'en sait trop rien), bien entendu la création de la fameuse valse "le beau Danube bleu" et ramène l'œuvre du père à la marche de Radetzky et à la Lorelei…
La scène d'introduction du film me semble dévoiler quand même un peu du futur talent du cinéaste où sont associés une mise en scène plutôt soignée (le camion pompier, pardon la voiture à cheval avec trompette), un net côté burlesque (un orchestre de rue précède la voiture en entonnant la marche de Radetzky) et l'affolement très relatif dans la pâtisserie en feu où on sauve deux vases avec des roses et un gros gâteau qui finira par terre et où les clients s'installent dehors en attendant l'arrivée des pompiers. Tout ça pour en arriver à une chambre dans la maison en feu où le jeune Strauss donne une leçon de chant à la fille du pâtissier, associant définitivement musique et pâtisserie à Vienne …
Ça commence donc en fanfare (avec et sans jeu de mots) et puis malheureusement ça en reste un peu là puisqu'ensuite on enchaine avec une rivalité amoureuse entre la fille du pâtissier à qui Strauss junior dédie toutes ses partitions et une comtesse poétesse qui profite des capacités musicales du jeune Strauss pour lui faire mettre en musique ses poèmes. Bref, on est ensuite dans le vaudeville avec quelques étapes dans l'élaboration du "beau Danube bleu" et son triomphe… La première étape est d'ailleurs le problème de la couleur du Danube. Fort opportunément, la couleur du peignoir de la comtesse étant bleue, voilà l'explication bien hasardeuse du mystère d'un titre de cette sublime valse …
Ici et là, Hitchcock nous offre des images très réussies (portraits de Jessie Matthews, l'égérie de Strauss), des cadrages non exempts d'un esprit un peu facétieux … Et puis, le clou du spectacle, la caméra tournant lentement autour de l'orchestre, situé dans un kiosque, qui joue la valse du "beau Danube bleu", avec la foule se mettant lentement en branle pour démarrer petit à petit une valse comme si cela coulait de source …
Bien sûr le véritable mélomane, l'admirateur de Strauss, l'aficionado n'y trouvera pas son compte car l'histoire est traitée de façon trop légère et bien trop simplifiée. Personnellement, j'ai trouvé cette comédie (musicale) plutôt sympathique avec les deux rôles féminins plutôt réussis. Fay Compton, dans le rôle de la comtesse amoureuse sans illusion du jeune Strauss et bien entendu, Jessie Matthews, la mignonne fille du pâtissier, l'inspiratrice de Strauss, qui chante, en plus, bien agréablement.
Pour la note, j'hésite entre 6 et 7 mais ai envie de pousser jusqu'à 7 car je me suis quand même bien amusé dans cette comédie sans prétention et plutôt bien mise en scène.