"Le colosse de Rhodes" est la première réalisation véritable de Leone même si auparavant il a eu participé à "Ben Hur" de Wyler et a remplacé au pied levé un réalisateur défaillant sur "Derniers jours à Pompéi".
Ce péplum tourné en Italie en 1961 ne s'embarrasse pas avec les détails petits et grands de l'Histoire. Par exemple, l'action se passe à environ 300 ans avant JC et une chose est certaine, c'est qu'il n'y avait pas de jeux du cirque à cette époque. De la même façon, le colosse de Rhodes était, dans la réalité, plutôt une statue commémorative d'une victoire et non, comme dans le film une machine à but défensif (voire offensif). On va dire que la production italienne de l'époque devait exiger des passages obligés.
Bon, on sait bien que c'est pas dans un péplum qu'on se perfectionnera en Histoire.
Donc il reste le film d'aventures où l'île de Rhodes est sur le point d'être envahie (et colonisée) par les Phéniciens. Des rebelles (de bons rhodiens bien sûr) tentent de s'opposer au pouvoir en place. Ils sont capturés et condamnés et ne doivent la vie sauve que grâce à un opportun tremblement de terre qui détruit tout et remet tous les compteurs à zéro.
Du reste, on ne voit pas bien pourquoi dans ces conditions, la flotte phénicienne qui était sur le point d'aborder renonce car c'est bien plus facile de s'emparer d'un territoire qui vient d'être détruit et donc incapable de se défendre.
Mais, ce n'est pas grave, il ne faut surtout pas trop réfléchir.
Reste le casting qui tourne en gros autour de trois personnages :
- Darios (qui a un nom plutôt perse mais est, en fait, un Athénien) est joué par un Rory Calhoun qui ne m'a pas vraiment impressionné sur ce coup-là. Le personnage ne peut pas voir une nana sans tenter de la séduire (ce qui est étrange pour un Athénien) et n'est pas très convaincant dans ses relations que ce soit avec le pouvoir local ou avec les rebelles.
- Le chef des rebelles Pelliocles est joué par un décevant Georges Marchal peu charismatique dans ce film.
- La fille, Dialla, de l'architecte de la statue se révélera être une intrigante pour ne pas employer le mot "traitresse" moins beau mais plus exact. Ella va faire tourner la tête de Rory Calhoun et pourtant je n'ai pas trouvé qu'il y avait de quoi. C'est Lea Massari qui s'y colle mais donne l'impression de ne pas trop savoir ce qu'elle fait là ... En effet, au départ, elle est fille de l'architecte et à la fin, elle se voit reine de Rhodes. Pourquoi pas.
- Le tyran s'appelle Xerxes (entretenant encore la confusion avec un nom perse) est joué par un Roberto Camardiel dont on se demande bien comment a-t-il fait pour être à la tête de l'île de Rhodes tant il a peu de charisme.
Reste la mise en scène de Sergio Leone qui est, là, d'un bon niveau autant dans les mouvements de foule que dans les scènes de combats ou du cirque ainsi que dans la scène finale du tremblement de terre.
Dans le tremblement de terre, j'ai même décelé un peu de second degré quand on voit les gens tenter de rassembler ou voler des objets de valeur foudroyés par une poutre - opportune elle aussi - qui écrase le quidam : "bien mal acquis ne profite jamais".
Mais je crains que ceci ne suffise pas à faire un bon film.