Le problème c'est qu'on ne nous à plus habitué à mieux !

Il faut bien se l'avouer, Le Comte de Monte-Cristo était l'un des blockbusters français les plus attendus de l'année 2024. Les premières bandes-annonces avaient de quoi intriguer, et c'est toujours un plaisir de voir Pierre Niney prendre le premier rôle. La sortie en salle se fait, le film est un carton, restant à l'affiche plusieurs semaines, y compris dans les salles prestigieuses comme l'Imax ou la Dolby Vision, un honneur en principe réservé aux grosses productions américaines. C'est que le film plaît, et il serait faux de dire qu'il ne m'a pas plu. Il m'a plu, mais il ne m'a pas conquis et je le range dans la catégorie des films intéressants avec un succès compréhensible mais certainement surestimé (ou comme on dit aujourd'hui, ce film est clairement surcoté).

Commençons par les points positifs : Le film se démarque par ses décors qui sont clairement magnifiques ; du début à la fin, le film est beau et il parvient à nous plonger dans un Paris du 19e siècle. Les costumes sont également l'un des points forts de ce film. En regardant plusieurs films voulant parler d'une époque, on remarque que beaucoup se heurtent à la difficulté de faire des costumes convaincants. Ici, les costumiers ont fait un travail admirable et en plus c'est français, il faut donc le souligner.

Continuons par les points plus mitigés : le jeu des acteurs. Premièrement, je ne trouve pas personnellement que Pierre Niney fasse un bon Comte de Monte-Cristo ; son jeu d'acteur est globalement convaincant comme d'habitude, mais cela reste Pierre Niney qui fait du Pierre Niney. Ainsi, à renommer le film, je l'aurais appelé Le Comte de Monte-Niney. C'est peut-être le problème d'être un excellent acteur, on se perd dans ses différents rôles. Je trouve que beaucoup de scènes s'éloignaient de la justesse à laquelle on pouvait s'attendre pour un tel rôle, pouvant rendre certaines scènes se voulant "épiques" proches du ridicule. Au contraire, d'autres scènes étaient clairement mémorables, Edmond Dantès prenant Dieu à partie : "À partir de maintenant, c'est moi qui récompense et c'est moi qui punis" a un aspect très satisfaisant. Je pense que malgré les années et un jeu d'acteur qui reste très impressionnant, Pierre Niney souffre encore de ce visage juvénile qui l'empêche d'atteindre le maximum de son potentiel.

Pour le reste, le film souffre de ce que je nomme la maladie de la Comédie-Française et du Cours Florent. Une maladie qui pousse chaque acteur à surjouer les émotions qu'il vit et qui a pour conséquence de nous priver de toute surprise. Celui qui est le plus atteint par cette maladie, c'est Bastien Bouillon, qui nous fait l'offense de nous montrer en 3 minutes qu'il est le premier et sera le dernier antagoniste ; il est à la subtilité ce que DSK est à la délicatesse. Finalement, cette prestation reste correcte sans être remarquable et aurait certainement davantage eu sa place au théâtre qu'au cinéma. Des critiques que l'on pourrait également faire à Laurent Lafitte même si sa performance est bien meilleure et arrive à être convaincante. Il convient toutefois de souligner les prestations très prometteuses d'Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider et Julien de Saint Jean, les deux premiers ne venant pas du Cour Florent.

Terminons par les points dommageables qui auraient, à mon sens, rendu l'œuvre bien meilleure : Je ne suis pas un lecteur d'Alexandre Dumas, mais je connais Le Comte de Monte-Cristo car il est un personnage important de la littérature française. L'une de ses principales qualités est de pouvoir se transformer et changer d'identité. Sur ce point, je trouve que cette capacité a été sous-exploitée pendant la majeure partie de l'œuvre. Déjà, il est possible de se demander comment les antagonistes n'ont pas pu se rendre compte au premier coup d'œil que l'homme qu'ils avaient en face d'eux était Edmond Dantès.

Par ailleurs, il aurait été appréciable de davantage travailler la découverte par Edmond du trésor laissé par les templiers ainsi que son goût pour le transformisme, qui apparaît comme un cheveu sur la soupe. Il m'apparaît que le plus gros défaut du film, c'est que malgré les 3h qu'il dure, il semble qu'il lui manque une heure pour être parfaitement complet. Peut-être qu'une version longue permettra de gommer ce plus gros défaut et me fera revoir ma note globale.