Voilà un film de SF brûlant d'actualité, puisque parlant de digitalisation des acteurs pour les remplacer, d'un monde virtuel comme refuge face au monde réel, et in fine, de la façon dont le soft-power des industrie du divertissement soumet les hommes plus sûrement que n'importe quel totalitarisme. (Le film est adapté d'un roman de Stanilaw Lem, lequel parlait, lui, du stalinisme). Mais au-delà de ces thèmes déjà lourds et qu'il aborde avec intelligence, c'est aussi un film sensible, portée par une Robin Wright qui, tant dans sa version réelle qu'animée, est touchante (et le casse-gueule jeu du «vrai-faux» auquel se livre le film ne parasite pas l'intrigue), avec en bonus un monologue d'Harvey Keitel qui nous rappelle quel putain d'acteur c'est, et un final juste bouleversant. Et puis il y a la partie animée. Si Folman revendique l'influence des dessins animées des Fleischer, on trouve aussi du Osamu Tezuka, du Le Roi et l'Oiseau et du La Planète Sauvage, sans compter les influences de Jérôme Bosch, de Salvador Dali, ou des cases de Little Nemo. Bref, c'est foisonnant, et si on pourra trouver que certaine références sont un peu faciles (et que dans ce monde virtuel, les gens auraient sûrement plus vite fait de s'avatariser derrière un meme internet que derrière une figure historique ou artistique...), ça ne gâche en rien le visionnage.
Bref, beau+intelligent+sensible=chef d'oeuvre.