Si l’emprise implique des mots, des gestes, elle est surtout une ambiance, un climat qu’instaure son auteur. Ce film a ainsi le mérite de représenter ce que les mots de Vanessa Springora ont eu plus de mal, selon moi, à décrire.
La majorité des critiques que j’ai pu lire reproche au film de ne pas avoir intégré le point de vue de la victime, ce qui est d’ailleurs la force principale du livre, le « je ». Ce n’est selon moi pas un manque. Au contraire, c’est là même le second apport du film puisque par cette œuvre, il est possible de constater, en toute objectivité : la prédation de G. Matzneff, la tolérance (voir l’encouragement) du milieu littéraire des années 80 de sa pédophilie et le retard ahurissant de la France sur ces questions grâce à l’habile ajout du passage de Denise Bombardier dans l’émission d’antan Apostrophe.
Jean-Paul Rouve, inattendu dans un tel rôle, est vraiment convainquant. Sa façon reptilienne de se mouvoir, son port de tête et sa voix chuchotée pour mieux appâter sa proie… Il est répugnant.
Hormis ces éléments, je peine à trouver l’intérêt du film en ayant lu le livre. Était-il vraiment utile ? Est-ce vraiment utile de mettre en scène des scènes de viol ? Je ne sais pas trop.