J'avais quitté Jean-Paul Belmondo et Henri Verneuil sur un quai de gare à la fin d' « Un singe en hiver » : c'est à l'arrivée d'un train que je retrouve le premier, toujours devant la caméra du second et toujours avec le même plaisir. Je le répète presque à chaque fois, mais quand même : quel pied de découvrir petit à petit la filmographie de l'ami Henri, où « Le Corps de mon ennemi » figure en bonne place parmi ses plus grandes réussites.


Montage d'une habileté diabolique alternant intelligemment entre passé et présent, voix-off grinçante au possible, hallucinante galerie de personnages... Pas de doute, le réalisateur fait une fois de plus preuve d'un professionnalisme impressionnant, sans jamais oublier la dimension extrêmement noire du propos. L'œuvre a beau disposer parfois d'un certain sens de l'humour, l'écriture s'avère toujours au service d'un constat très violent, peinture sans fard d'une bourgeoisie hypocrite, sans scrupules et surtout prête à tout pour sauver les apparences.


À ce titre, que ce soit l'immense Bernard Blier, Daniel Ivernel ou François Perrot, tous sont remarquables de médiocrité dans leurs petits arrangements mesquins, sans pour autant éclipser les autres. De la sublime Marie-France Pisier à Claude Brosset en passant par une toute jeune Nicole Garcia, tous ont un rôle important à jouer dans cette histoire, sans oublier évidemment un Jean-Paul Belmondo sans surprise, mais d'une redoutable efficacité.


Et tant pis si cela patine légèrement dans la dernière partie, l'impeccable final faisant aisément oublier ces petites lacunes. Bref, une histoire de vengeance remarquablement menée doublée d'un portrait acerbe et cynique de la haute société, le tout mené de main de maître par deux immenses professionnels, l'un à la mise en scène, l'autre à l'écriture (Audiard, what else?) : un modèle de cinéma populaire.

Caine78
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films avec Jean-Paul Belmondo

Créée

le 14 avr. 2018

Critique lue 626 fois

7 j'aime

3 commentaires

Caine78

Écrit par

Critique lue 626 fois

7
3

D'autres avis sur Le Corps de mon ennemi

Le Corps de mon ennemi
Ugly
8

Une ardoise à payer

Ce film fait suite aux films de Verneuil, le Casse et Peur sur la ville, ainsi que l'Alpagueur de Labro qui étaient des polars basés sur l'action et la dérision, avec un Bébel détendu et jovial. Ici,...

Par

le 26 févr. 2019

37 j'aime

23

Le Corps de mon ennemi
Plume231
5

Le Retour du proscrit !

Ce film est situé au début de la deuxième partie de la carrière de Jean-Paul Belmondo (qui durera jusqu'à l'échec du Solitaire !). La période où cet acteur légendaire alternait films d'auteur avec...

le 8 sept. 2021

24 j'aime

11

Le Corps de mon ennemi
JeanG55
8

Nous lui avons mis le pied à l'étrier, messieurs. Nous l'avions adopté.

Dans la filmographie de Verneuil, ce film se situe après "Peur sur la ville" et avant "I comme Icare". Et côté Jean-Paul Belmondo, ce film se situe entre "l'alpagueur" (Labro) et "l'animal" (Zidi) /...

le 28 mars 2022

13 j'aime

5

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime