Pour sa septième collaboration avec Jean-Paul Belmondo, Henri Verneuil signe un récit de vengeance dans une petite ville de province.
Après avoir purgé sept ans de prison pour un double meurtre, François Leclerc (Belmondo) revient à Cournai, agglomération paisible du Nord de la France, entièrement dédiée à l'industrie textile, aux mains d'une bande de notables peu scrupuleux qui utilisent les succès de l'équipe de football locale pour maintenir l'ordre établi ("Coup de tête" sortira trois ans plus tard).
Peu à peu, par le biais de flashbacks, Leclerc se souvient de son ascension spectaculaire au sein de la bourgeoisie locale, après sa rencontre avec la ravissante Gilberte, fille d'un baron du textile, puis de sa déchéance illustrée par sa condamnation aux assises.
Pour dénoncer le conformisme et la corruption des élites provinciales, Verneuil fait appel à Michel Audiard à l'écriture, qui distille nombre de répliques vachardes mise en valeur par la gouaille de Belmondo, dans un rôle plus sombre qu'à l'accoutumée.
On retrouve également au casting Bernard Blier en notable retors, Marie-France Pisier en jeune beauté indépendante, ainsi que Michel Beaune, Claude Brosset et Nicole Garcia dans des rôles secondaires.
"Le corps de mon ennemi" bénéficie en outre d'une réalisation soignée d'Henri Verneuil, sa seule faiblesse résidant dans un scénario somme toute linéaire et sans grande surprise.