Robert Wise est un cinéaste touche à tout qui s'essaie ici au genre du film noir, version caper movie ou "film de casse" si vous préférez.
Les codes du genre sont respectés. Un trio de loosers pris dans l' engrenage fatal du coup de la dernière chance.
Celui qui les remettra en selle une fois pour toutes,
ou les perdra.
L'originalité du scénario signé Abraham Polonsky, victime du Maccarthysme, est d'avoir fait du racisme le ressort essentiel, avec d'un côté Robert Ryan, vétéran de la seconde guerre mondiale, instable, violent et paumé, vivant au crochet de sa nana, et de l' autre Harry Belafonte ( également producteur du film! ) au charisme cool de crooner de jazz courant le cachet dans les clubs avant de le perdre au courses.
Tout les opposent et pourtant ils doivent faire équipe. Ils savent bien et nous aussi que cela va mal finir.
le scénario un peu trop alourdi en didactisme est allégé avec bonheur par la bande son délicieusement Jazz ( merci Harry! ) et la mise en scène virtuose de Wise, avec une photo noir et blanc admirablement contrastée ( une pellicule infra rouge aurait été utilisée pour l' occasion), des cadrages extrêmement suggestifs aussi bien en extérieur ( la ville de New York filmée comme immense et déserte pour nos trois pauvres hères ) qu'en intérieur ( contre plongée, profondeur de champ qui permet d'embrasser le trio en un seul plan et illustrer ses dissensions)
Oui, Wise a travaillé avec Welles sur Citizen Kane et cela se voit.
Et puis il y a le casse enfin, le tempo s’accélère, la tension monte, nous nous prenons même à croire que oui il vont le réussir leur putain de coup, finalement.
Wise déploie alors tout son talent dans le montage pour nous faire vivre pleinement l' entreprise , avant de nous offrir un final aussi spectaculaire qu 'explosif . Dommage que le didactisme vienne encore gâcher un peu la fête.
Un film mineur non dénué de pépites.
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