Après avoir longtemps tourné autour, je me décide enfin à découvrir « Le Crépuscule des aigles », film de « guerre » doté d'une assez belle réputation, étonnamment réalisé par John Guillermin, solide professionnel dont on retient surtout deux-trois très gros succès. Contexte intéressant que cette fin de Première Guerre mondiale, avec allemands ne s'avouant pas encore vaincus, l'action se plaçant du point de vue de ces derniers. Un récit plutôt ambitieux, original, donnant la part belle aux scènes d'aviation, portées par d'élégants plans larges, permettant à la fois un spectacle et une immersion de qualité.
L'occasion, aussi, d'offrir un regard tout aussi lucide et désabusé sur le fonctionnement de l'armée rhénane, que l'on imagine assez proche de celui des alliés. Magnifiquement photographiée (Douglas Slocombe, comme souvent), portée par une musique relativement discrète mais puissante de Jerry Goldsmith, l'œuvre se regarde sans ennui presque deux heures et demie durant, notamment grâce à un scénario bien construit, utilisant avec intelligence le fusil de Tchekhov pour sa dramaturgie.
On peut être plus dubitatif concernant la relation entre George Peppard (plutôt convaincant) et Ursula Andress (moyenne), mais elle est en définitive essentielle à l'intrigue, d'autant que si l'on se penche quelques instants sur cette dernière, nous observerons que ce rôle de femme libre et amoureuse est probablement plus complexe qu'on ne le pense. Enfin, ce portrait d'un héros ambitieux jusqu'au malaise, peu sympathique mais s'assumant tel quel, non sans un certain panache, créé un intérêt supplémentaire, l'humain étant de façon générale au cœur de l'intrigue, comme en témoigne le dénouement, implacable, brillamment exécuté. Une réussite, globalement à la hauteur de mes attentes.