Alors 7 ans après avoir donné pour moi son sommet dans le film d'aventures, et un des sommets du genre tout court, L'Aigle des mers, et 8 ans avant qu'Hitchcock donne son film qui porte le même titre en français, l'hyper-prolifique Michael Curtiz a réalisé ce qui aurait pu être un sommet du film... aurait pu...
Techniquement, Curtiz, et pour notre plus grand plaisir, est particulièrement inspiré, en nous donnant quelques beaux plans sous influence expressionniste. Le rythme qu'il insuffle à sa réalisation ne laisse pas la place au plus petit temps mort, aidé en cela par de nombreux rebondissements. Et puis Claude Rains, véritable monstre de charisme et de talent, assure un max en animateur radio criminologiste
et en criminel bigger than life qui n'aurait pas détonné dans un Columbo.
Il assure tellement et il est tellement charismatique que le reste de la distribution se fait totalement écraser. Pour Joan Caulfield et Ted North, on peut donner comme raison le fait que les deux acteurs soient particulièrement fadasses. Mais pour des acteurs avec nettement plus de présence comme Audrey Totter, Constance Bennett, Hurd Hatfield ou Fred Clark, cette raison ne peut pas être la seule.
En fait, le scénario, en donnant énormément au personnage principal, n'a pas suffisamment donné de consistance aux personnages secondaires. Dommage car ils aurait pu être facilement plus intéressant. On peut reprocher aussi à ce même scénario d'en dire trop trop tôt sur eux, enlevant une bonne part du suspense potentiel.
Mais reste que la réalisation techniquement inspirée de Curtiz, le charisme de gros malade de Rains, les nombreux rebondissements, et le rythme d'ensemble font qu'on éprouve du plaisir à regarder ce film noir.