"Est-ce qu'une personne qui filme fait forcément un film ?" Voici la question que Dupieux et son héros, George nous posent à laquelle, ils répondent partiellement. Car si George ne commence à filmer que par curiosité de l'objet, il va aussitôt y vouer une fascination morbide semblable à celle d'un Sorgoi Prakov. En somme, les deux personnages se ressemblent fortement, que seraient-ils sans leurs caméras?
Ils se définissent par le cinéma qu'ils font. La véritable raison de vivre de George n'est pas le daim, mais ce qu'il filme. Il va lui même se construire un personnage, un rôle, une utilité, et va brouiller sa limite entre fiction et réalité.
Ainsi, au fur et à mesure de son évolution, notre héros s'avance et se rapproche du cinéma là où ses débuts balbutiants relevaient plus du carnet de vacances. Cette conversion est telle que son film devient plus fascinant encore que le film dont il est le héros. Et là nous tenons tout le génie de Quentin Dupieux, réussissant à s'effacer pour que son héros prenne sa place.