Il n'y a pas de doute. Le Daim me confirme que plus j'avance dans la filmographie de Quentin Dupieux, meilleur c'est. Et comme pour Au Poste !, son précédent film, non seulement, j'ai été fasciné par le style unique du cinéaste, mais en plus, j'ai éprouvé du plaisir à visionner l'ensemble.
Alors ce dernier part d'un argument complètement absurde, pour ne pas dire complètement con (dans le meilleur sens du terme !) : un homme veut être le seul au monde à porter un manteau. Ou comment, après un pneu, un manteau de daim peut donner lieu à une frénésie meurtrière. Mais le réalisateur va réussir, à partir de cette idée de départ débile, c'est-à-dire la motivation obsessive du protagoniste, à développer une intrigue avec une logique implacable, entre malaise et humour (très !) noir, dans un cadre réaliste avec des personnages normaux, où la violence ne peut qu'arriver d'une manière réaliste.
Dans le rôle principal, Jean Dujardin se fond totalement dans l'univers dupieuxien, comme s'il en avait toujours fait partie. Mais j'avoue que celle qui m'a le plus impressionné, c'est Adèle Haenel, magistrale dans un personnage qui se permet d'être encore plus givré, donc plus inquiétant, que notre tueur. Son duo avec Dujardin fonctionne à mort (au sens propre comme au figuré !). Grâce à eux, mais aussi grâce à l'écriture scénaristique, il y a une véritable complémentarité entre leurs personnages qui fait avancer l'histoire et qui lui donne aussi de la chair et de la profondeur.
Je parle aussi de l'esthétique années 1980 très travaillée ? Le réalisateur, même dans ses films les plus faibles, n'a jamais déçu de ce côté-là. Il n'y avait pas de raison qu'il échoue ici. Les décors de France bien profonde sont bien mis en valeur et ajoutent sa pierre à l'édifice d'un climat malsain.
Ouais, pas de doute, Le Daim parvient à intégrer une folie surréaliste individuelle (qui va se transmettre à une autre individualité !) glaçante dans une réalité bien tangible. Pour moi, un sommet du metteur en scène.