La semaine dernière, j'ai vu Le déclin de l'empire américain de Denys Arcand, sorti en 1986.


Des universitaires montréalais, quatre hommes et quatre femmes dans les 30-40 ans, organisent un dîner entre couples/amis. Auparavant, ils se retrouvent entre représentants du même sexe pour discuter de leur sexualité, des notions de plaisir, d'amour, de besoin et pour interroger la cause du déclin de l'empire américain.


Cela faisait longtemps que je voulais voir un film d'Arcand et je ne suis pas déçu. L'affiche m'emballait énormément, et j'avais l'impression que ça ressemblait à du Woody Allen au Canada. Après visionnage, je trouve que si les thématiques d'Allen sont en effet assez proches de celles du film, leur traitement n'a rien à voir. Dans Le déclin de l'empire américain, tout est beaucoup plus cru et moins esthétisé que chez Allen, et je préfère.


Le déclin, c'est avant tout du dialogue, mais quels dialogues ! Nos protagonistes parlent de cul sans hésiter, livrant leurs plus noirs secrets à leurs amis en rigolant. Les hommes mentent aux femmes, les femmes mentent aux hommes, sans remords ni regrets. La sexualité est un moyen de plaisir personnel comme un outil de pouvoir sur les autres.


Si le ton du film est plutôt à la comédie (grinçante, la plupart des personnages n'étant pas du tout attachants), les moments les plus forts restent toutefois ceux où les personnages se retrouvent livrés brutalement à leurs contradictions, leurs erreurs, leur personnalité. Tous ces universitaires prétentieux finissent par se montrer humains et fragiles lorsqu'on apprend que l'une a couché avec le mari de l'autre, qu'untel pisse du sang depuis des semaines, qu'un couple n'ose pas avouer qu'ils se sont rencontrés dans une relation de client à prostituée ou qu'une autre continue de perpétuer des fantasmes qui risquent de la détruire.


Bref, Le déclin semble se poser comme une étude sociologique de mœurs de l'intelligentsia montréalaise des années 80. Si j'ignore à quel point le portrait est réaliste, l'exercice est réussi puisque le film est tout à fait crédible et ne laisse pas le temps de s'ennuyer. Pour chaque règle du cinéma, il est permis de s'en affranchir seulement lorsqu'on a du talent. Et je n'ai que rarement vu un cinéaste contrevenir à la règle du « show, don't tell » avec un résultat pourtant aussi qualitatif.


A noter que c'est le premier volet d'une trilogie qui se poursuit dans les années 2000 avec Les invasions barbares et L'âge des ténèbres, et il est très probable que j'ajoute ces deux là à ma liste de visionnage très prochainement.

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le 28 janv. 2020

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Heobar

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