Pionnier du cinéma pornographique hexagonal, Francis Leroi a également tourné quelques films "traditionnels", à l'image de ce "Démon dans l'île" sorti en 1983, l'une des rares tentatives de cinéma de genre en France à cette époque.
Pour cette raison, on est plutôt enclin à l'indulgence vis-à-vis de ce film aux confins du fantastique, de l'horreur et du polar. Il faut souligner l'effort de se confronter à ce type de cinéma, surtout avec un budget resserré.
Néanmoins, on est bien obligé de constater la dimension nanardesque du résultat final, que ce soit dans l'aspect cheap de certains effets spéciaux (le sang!), dans la maladresse de certains choix scénaristiques, et dans l'interprétation douteuse de plusieurs seconds rôles.
Certains ne parviendront pas à faire abstraction de ces scories, aggravées par la cruauté du temps qui passe (le matériel informatique sophistiqué…), qui pousseront le spectateur à sourire lorsqu'il est censé avoir peur.
D'autres retiendront au contraire l'efficacité de l'atmosphère inquiétante mise en place par Francis Leroi : l'ambiance insulaire d'une petite communauté isolée, où certaines trognes étranges suscitent le malaise (Louise, la domestique) ; l'allure méphistophélique du docteur Marshall (Jean-Claude Brialy et son bouc) ; les accidents domestiques qui se multiplient…
On appréciera également la touche de second degré, à l'image de ce plan goguenard sur la main carbonisée, ainsi que la critique sociale qui transparaît dans l'omniprésence de la télévision et de la publicité. Pas un hasard non plus si le mal se propage à travers les biens de consommation...
Pour ma part, je me situe plutôt dans la première catégorie : j'ai eu du mal à prendre au sérieux l'enquête de cette pauvre Anny Duperey, et les irruptions de gore flirtant régulièrement avec le nanar. Je reconnais toutefois les quelques qualités objectives du "Démon dans l'île", et je ne le déconseillerais pas à ceux qui seraient tentés.