De son premier long métrage à ses dernières productions, on aura du mal à comprendre l’évolution de Luc Besson, tant le fossé est grand. Film d’anticipation fauché aux partis pris téméraires, ‘Le Dernier Combat’ se révèle être une œuvre franchement originale, loin des blockbusters formatés auxquels le réalisateur nous habituera plus tard.
S’agissant de science-fiction, il est tout à fait surprenant que Luc Besson opte pour un film en noir et blanc, mais aussi et surtout quasiment muet. Et pourtant, le procédé a un intérêt très vite évident, celui d’établir le parallèle entre le futur d’une civilisation humaine décadente avec la préhistoire barbare de l’Homme. Les grognements des personnages à la place de dialogues, la violence tacite qui régit les rapports entre personnages, les ruines de l’ancien monde, les vestiges de comportement sociaux : l’univers du ‘Dernier Combat’ se place entre ‘L’Odyssée de l’espèce’ et un ‘Mad Max’ furieusement inspiré.
C’est d’ailleurs cette dernière référence qui sied le mieux au récit. Quand on voit quels genres d’idées le jeune réalisateur a su apporter pour donner vie à son univers post-apocalyptique, on ne peut que regretter le faible budget alloué au projet. En effet, l’imagerie du film, des décors aux costumes, les bassesses des différents personnages, les femmes conservés comme des trésors (ce sera d’ailleurs le cas des ‘Mad Max: Fury Road’) : tout cela aurait profité autant à l’univers de George Miller qu’au récit du ‘Dernier Combat’.
A cela s’ajoute encore le talent des comédiens. Pierre Jolivet et Jean Bouise sont tout simplement parfaits dans leurs rôles de survivants mutiques mais expressifs, tandis que Jean Reno incarne un personnage de brute vraiment réussi (annonçant peut-être son futur rôle dans ‘Les Visiteurs’).
Le seul véritable défaut de ce ‘Dernier Combat’, c’est la bande-originale envahissante et parfois un peu hors-de-propos de Éric Serra. Si elle ajoute parfois un décalage amusant à certaines scènes de combats et ponctuent l’action, on ne pourra s’empêcher de trouver les cuivres des années 80 un peu ridicules dans cette ambiance post-apocalyptique. Au moins la mise en scène de Luc Besson est très réussie, offrant de jolis plans en noir et blancs des survivants arpentant les ruines de la civilisation.
Une œuvre téméraire mais très réussi.