Le cinéma (surtout) français a toujours été attiré par les récits initiatiques. La mise en scène, souvent épurée et dénuée de fioritures, permet de suivre un personnage de très près, en s’attachant à ses actes, son évolution et au développement de ses sentiments. Après la belle histoire d’Angèle et Tony, Alix Delaporte s’intéresse à Victor, 13 ans, une mère malade, un père qu’il veut rencontrer et une histoire d’amour naissante.
S’approchant du style belge des frères Dardenne, la réalisatrice met sa caméra à hauteur d’enfant. Le garçon y contemple ce triste monde qui semble lui offrir un destin pathétique. Partagé entre une mère impuissante et un père absent, ce jeune homme parvient pourtant à incarner l’espoir, notion prépondérante de cette œuvre. Mais ce ressenti contraste avec le récit, peu attractif et coloré. Ce scénario réussit toutefois à captiver par certaines scènes importantes, et non dans son ensemble, assez lancinant. Les plans de coupent, trop nombreux, appuient ce côté redondant et veulent forcer l’ambiance du film, déjà assez pesante.
Malgré tout, de beaux symboles s’immiscent dans Le Dernier coup de marteau. Comme le titre même de cette œuvre faisant référence à Gustave Mahler. Ce dernier a en effet composé trois coups de marteau dans sa symphonie, symbolisant trois moments qui ont anéanti sa vie. Désormais, les chefs d’orchestre ont le choix d’implanter ou non ce fameux « dernier coup de marteau » dans leur partition, comme si c’était eux qui choisissaient leurs destins. Belle métaphore, qui va de pair avec la justesse des personnages, tous ultra-réalistes et participant à cette poésie narrative.
Enfin, ces protagonistes faisant la force de ce long-métrage sont tous campés par d’excellents acteurs. Quand certains se connaissent par cœur (Hesme et Gadebois n’ont même pas besoin de jouer dans une même scène pour susciter entre eux une alchimie), d’autre débute dans le métier (le jeune Romain Paul, portant le film sur ses épaules sans sourciller) et nous livre une leçon de comédie. C’est tout simplement la bonne raison d’aller voir Le dernier coup de marteau.
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