Michael Mann, Daniel Day-Lewis et « Le dernier des Mohicans », classique de James Fenimore Cooper : 1992 était une réunion entre les plus grands. Plutôt éloigné du style urbain de son cinéaste, LE DERNIER DES MOHICANS s’inscrit tout de même dans ses thématiques obsessionnelles.
Niché dans l’ensemble de sa filmographie, l’amour se trouve le parfait contrepoint d’un monde violent dans lequel évolue ses personnages. Ces derniers, toujours en quête d’un nouveau monde souvent inaccessible trouvent la force et le courage de tenir grâce à ce lien puissant. Ce thème est traité avec un soin tout particulier bien qu’assurément classique en comparaison du reste de l’œuvre de son auteur. Malheureusement, ce classicisme scénaristique est sa limite. LE DERNIER DES MOHICANS est un excellent film, rythmé et prenant, mais cet aspect semble étouffer Mann dans sa mise en scène surtout dans les affrontements rangés et les scènes dialoguées où les émotions restent cachées. Malgré cela, immense metteur en scène perfectionniste qu’il est, Mann va réussir à déployer au sein de ce métrage étonnamment construit un lyrisme et un romantisme fou. Dès lors qu’il laisse parler les images, sa mise en scène s’envole cadencée par un mixage sonore parfait et la partition épique de Jones et Edelman. La beauté et le sommet du long-métrage seront atteints dans sa dernière partie magnétique, d’une poésie incroyable. Romanesque et déchirant, le cœur du film se trouve dans ce choc final entre la violence de l’Homme et la supériorité de l’amour.
Peut-être trop classique pour atteindre le cœur avant son final, LE DERNIER DES MOHICANS reste cependant une œuvre haletante et intense sur l’intégrité de l’amour.